La Classe Américaine - Michel Hazavanicius (1993)

Chouette ! Cinq oscars pour The Artist. Un record pour les Français, cocorico !

Nous avions parlé de Jean Dujardin ici. Ajoutons un mot sur Michel Hazanavicius, américano-cinéphile, ce qui se voyait avec la série des OSS117 et surtout la Classe Américaine, (co-réalisé avec Dominique Mézerette), véritable phénomène de société. En 1993, ils ont remonté un stock d'images de la Warner Bros en une heure quinze de cinéma décalé avec John Wayne, Dustin Hoffman, Robert Redford, Paul Newman, Dean Martin, Franck Sinatra, Robert Mitchum, James Stewart, Henry Fonda, Charles Bronson, Jason Robbards, Lauren Bacall, Clark Gable, Burt Lancaster, etc.

Les films ont longtemps été diffusés en France dans une version doublée, les voix étaient donc aussi connues que les acteurs. Comme les doubleurs professionnels ont été engagés pour ce grand détournement, le résultat pouvait d’autant mieux fonctionner.

Diffusé une seule fois sur Canal + puis disparu, des versions enregistrées sur magnétoscope circulent sur le Net depuis longtemps, contribuant à la survie de ce film culte.

On se demande souvent comment un public étranger peut recevoir ce film. Les répliques vous feraient-elles autant rire ? Ce n'est pas un humour typiquement français, Woody Allen a fait une expérience similaire en 1966 avec What's up Tiger Lilly, et avant lui Guy Debord et les situationistes. Cet humour est plutot basé sur la référence et le décalage, entre ce que les acteurs représentent et ce qu'on leur fait dire.

L'histoire est simple et basé sur le principe de Citizen Kane d'Orson Welles : deux journalistes (Peter et Steven interprétés par Robert Redford et Dustin Hoffman) enquêtent sur la mort de George Abitbol (l'homme le plus classe du monde, interprété par John Wayne) en interrogeant ceux qui l'ont connu au sujet de ses derniers mots ("Monde de merde").

Cet exemple  joue avec les enchevêtrements de Flashback (et la petite musique stressante jouée au violon). Si vous connaissez quelques chansons d'Elvis Presley, vous devriez apprécier ce dialogue.

Ajouté par Electriccastle le 4 Mai 2009

La transcription vient du site d'un spécialiste de La Classe Américaine qui a entrepris la restauration de ce film. Un travail de titan.

Flashback 1

Dino — Et en plus avant c’était pas comme ça. Avec George, je me souviens, on passait des après-midi entières à rester dans notre chambre à se chamailler gentiment, à se raconter des souvenirs…

Flashback 2

George — Tu veux que je te raconte un souvenir ?
Dino — Un souvenir ? Oh oui.
George — Laisse tomber, tu te fous de ma gueule ?
Dino — Oh non je me fous pas de votre gueule, jamais de la vie.
George — Eh bien, je vais te raconter l’histoire de ce malade qui s’est pointé un soir dans ma chambre d’hôtel. Un putain d’énergumène

Flashback 3

George — Bonsoir. Qu’est-ce que vous faites dans ma chambre ? Vous avez un truc à me demander ?
Putain d’énergumène — Aime-moi tendre, aime-moi vrai.
George — Ça veut dire quoi ces conneries ?
Putain d’énergumène — Ça veut dire aime-moi tendre et aime-moi vrai.
George — Moi ce que je vois, c’est que dans deux secondes je vais te botter le cul.
Putain d’énergumène — Bon écoute, tu peux faire tout ce que tu veux… mais évite de marcher sur mes chaussures en suédine bleue.
George — C’est quoi ça ?
Putain d’énergumène — Ne sois pas cruel. Un pour l’argent, deux pour le spectacle, et trois pour le caillou.

Flashback 2

George — Et voilà, c’était mon souvenir. En tout cas s’il cherchait pour du trouble, il est venu à la bonne place.

Flashback 1

Dino — Voilà. Malheureusement aujourd’hui c’est bien fini. George n’est plus le même homme. C’est pourquoi vous devez venir, mon cher Jacques.

Temps du récit

Dino — Et voilà, je pense que maintenant vous voyez mieux le type de problème que j’avais avec George et pourquoi j’ai écrit cette lettre.

(Si quelqu'un est intéressé par une projection ...)