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Les Caves du Majestic
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5 mars 2013

OCLC 29/36 – C'est dégoutant mais nécessaire – René Koval (1934)

Une rengaine, c’est une chanson qu’on a beaucoup entendue malgré soi. Le film On connaît la chanson en est rempli de courts extraits. Il y en a de toutes les époques. Parfois, seules certaines générations s'en souviennent. A priori, aucun français ne connaissait toutes ces chansons en découvrant le film. Les auteurs du film sont de générations différentes (Resnais né en 1922, Bacri en 1951 et Jaoui en 1964). Chacun est venu avec des références que les autres ne connaissaient pas forcément. Cet hiver, nous allons visiter les trente-six chansons (dont une bonne moitié figure dans les karaokés).

Or donc, Alain Resnais avait un souvenir très prégnant des opérettes et comédies musicales de son enfance. On peut le voir dans le bon quart de la bande originale du film. Ce sont souvent des chansons que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître sauf à les évoquer ou à remettre au goût du jour ce répertoire. C’est ce qu’Internet permet.

De cet entretien paru dans Libération le 12 novembre 1997, il faut citer ce passage :

Didier Perron & Olivier Séguret - On a pu rapprocher (1) votre film de tout un pan oublié du cinéma d'avant-guerre français du genre Mademoiselle Mozart d'Yvan Noé.

Alain Resnais - Ce n'était pas volontaire, mais, bien sûr, maintenant que le film est fini, c'est évident. Il m'est arrivé de rigoler sur le plateau parce que je voyais un certain type de sourire sur le visage d'un personnage quand il écoute l'autre chanter, un sourire qui m'est familier, très 1930, et je me disais: « Voilà, ça continue, on est en 1997 et on fait un film des années 30 ! » L'un des chocs des gens de ma génération reste 42e Rue, de Lloyd Bacon avec Busby Berkeley. Surtout dans un coin aussi reculé que ma Bretagne natale, comment ce genre de film peut arriver jusque-là, on se le demande ! Je connais bien aussi les comédies de la Paramount, qui en faisait beaucoup à cette époque, et des compositeurs comme Moretti, Christiné, Albert Willemetz. Une bonne époque de l'opérette française, qui s'oppose à la tendance plus classique des Cloches de Corneville, des Mousquetaires au couvent. Fifi, Toi, c'est moi, Pas sur la bouche étaient méprisés, j'y reste cependant attaché. Enfin, pas les versions filmées, parce que si les Américains ont su jouer très tôt la comédie musicale au cinéma, les Français, eux, sont restés à la traîne. Ça reste laborieux, la mise en scène, l'éclairage, le décor, tout sent l'effort.

(1) Hypothèse émise par Dominique Païni, directeur de la Cinémathèque française, au Cercle de Minuit la semaine dernière.

La chanson que nous découvrons à l’occasion est délicieusement cynique. Elle est extraite de l’opérette Toi, c’est moi (1934) et est interprétée par René Koval (1885-1936).


Ajoutée le 10 juin 2011 par lysgauty1

(Henri Duvernois – Marcel Bertal – Louis Maubon – Robert Chamfleury – Albert Willemetz - Moyses Simons)

En vérité,

La probité
N’est pas chose très courante
Bien qu’on soit
Très honnête et très droit
Bien souvent malgré soi
Il faut que l’on mente
Au percepteur,
Sur son honneur
On doit déclarer ses rentes
En est-il beaucoup,
Soit dit entre nous
Qui déclarent tout
Ils seraient fous

C'est dégoûtant mais nécessaire
On ne peut pas être sincère
Il faut être un petit peu faussaire
Masquer et truquer
Pour ne pas trinquer
Surtout l’état de ses biens
Frauder l’Etat n’est pas bien
Mais comme on sait que l’Etat c’est nous
Vous pensez si on s’en fout
C'est dégoutant mais nécessaire
On ne peut pas être sincère
On finirait dans la misère
Si on déclarait la vérité vraie
Même étant de bonne foi
Il faut chaque fois
Tourner la loi
Que le contribuable exemplaire
S’il ne l’a pas fait au moins une fois
lève un doigt

L’humanité
Ne peut pas compter
Que des paroissiens modèles
Bien qu’on soit
Très honnête et très droit
Bien souvent malgré soi
La vertu chancelle
À la mairie
Femme et mari
Font serment d’être fidèles
En est-il beaucoup
Soit dit entre nous
Qui le soient jusqu’au bout
Ils seraient fous

C'est dégoûtant mais nécessaire
On ne peut pas être sincère
Il faut être un petit peu faussaire
Truquer et duper
Pour n’être pas chipé
Quand elle est en bas très bien
Tromper sa femme n’est pas bien
Oui mais lorsque d’une autre on est fou
Vous pensez si on s’en fout
C'est dégoûtant mais nécessaire
On ne peut pas être sincère
Votre ménage serait fichu par terre
Si on déclarait la vérité vraie
Quand on est un bon époux
Il faut faire surtout
Ses coups en dessous
Que l’homme ou la femme exemplaire
Qui ne l’a pas fait au moins une fois
Lève un doigt

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  • Un peu de culture francophone (surtout française). Rien n’est incompréhensible pour des étudiants curieux, même si « on ne l’a ni lu, ni vu, tant qu’on en a entendu parler » (Cavanna). Bonne visite ! Des lecteurs en Serbie
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