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Les Caves du Majestic
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18 juillet 2013

Zazie dans le métro - Raymond Queneau (1959), Louis Malle (1960)

La chanson de Philippe Katerine nous a donné envie de faire une série autour de l’expression assez vulgaire « mon cul » que l’on retrouve relativement souvent dans la culture populaire française.

On retrouve cette expression dans l'une des répliques les plus célèbre de la littérature et du cinéma. Il s'agit de Zazie dans le métro.

La réplique : "Napoléon, mon cul !"

zazie  

Le roman de Raymond Queneau (1903-1976) est paru en 1959 chez Gallimard. Le film de Louis Malle (1932-1995) est sorti dans la foulée en 1960. Comme on pourra le constater le film est très fidèle au roman. C'est Danilo Kiš qui a traduit le roman.

zazie-dans-le-metro

Cette scène se situe au tout début de l'histoire. Après avoir accueilli sa nièce Zazie à la gare, Gabriel (Philippe Noiret) l'emmène chez lui avec l'aide de son ami Charles (Antoine Roblot), chauffeur de taxi.


Ajouté le 19 février 2010 par Valeriae11vg

La séquence proprement dite commence à 4:21.
Malgré quelques différences, nous nous servirons du texte du roman plutôt que de tenter une transcription. 

Il démarre.

On roule un peu, puis Gabriel montre le paysage d'un geste magnifique.

– Ah! Paris, qu'il profère d'un ton encourageant, quelle belle ville. Regarde-moi ça si c'est beau.

– Je m'en fous, dit Zazie, moi ce que j'aurais voulu c'est aller dans le métro.

– Le métro! beugle Gabriel, le métro!! mais le voilà!!!

Et, du doigt, il désigne quelque chose en l'air. Zazie fronce le sourcil. Essméfie.

– Le métro? qu'elle répète. Le métro, ajoute-t-elle avec mépris, le métro, c'est sous terre, le métro. Non mais.

– Çui-là, dit Gabriel, c'est l'aérien.

– Alors, c'est pas le métro.

– Je vais t'esspliquer, dit Gabriel. Quelquefois, il sort de terre et ensuite il y rerentre.

– Des histoires.

Gabriel se sent impuissant (geste), puis, désireux de changer de conversation, il désigne de nouveau quelque chose sur leur chemin.

– Et ça! mugit-il, regarde!! le Panthéon!!!

– Qu'est-ce qu'il faut pas entendre, dit Charles sans se retourner.

Il conduisait lentement pour que la petite puisse voir les curiosités et s'instruise par-dessus le marché.

– C'est peut-être pas le Panthéon? demanda Gabriel.

Il y a quelque chose de narquois dans sa question.

– Non, dit Charles avec force. Non, non et non, c'est pas le Panthéon.

– Et qu'est-ce que ça serait alors d'après toi?

La narquoiserie du ton devient presque offensante pour l'interlocuteur qui, d'ailleurs, s'empresse d'avouer sa défaite.

– J'en sais rien, dit Charles.

– Là. Tu vois.

– Mais c'est pas le Panthéon.

C'est que c'est un ostiné, Charles, malgré tout.

– On va demander à un passant, propose Gabriel.

– Les passants, réplique Charles, c'est tous des cons.

– C'est bien vrai, dit Zazie avec sérénité.

Gabriel n'insiste pas. Il découvre un nouveau sujet d'enthousiasme.

– Et ça, s'exclame-t-il, ça c'est…

Mais il a la parole coupée par une euréquation de son beau-frère.

– J'ai trouvé, hurle celui-ci. Le truc qu'on vient de voir, c'était pas le Panthéon bien sûr, c'était la gare de Lyon [1] .

– Peut-être, dit Gabriel avec désinvolture, mais maintenant c'est du passé, n'en parlons plus, tandis que ça, petite, regarde-moi ça si c'est chouette comme architecture, c'est les Invalides…

– T'es tombé sur la tête, dit Charles, ça n'a rien à voir avec les Invalides.

– Eh bien, dit Gabriel, si c'est pas les Invalides, apprends-nous cexé.

– Je sais pas trop, dit Charles, mais c'est tout au plus la caserne de Reuilly.

– Vous, dit Zazie avec indulgence, vous êtes tous les deux des ptits marants.

– Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai.

– Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.

– Qu'est-ce qui t'intéresse alors?

Zazie répond pas.

– Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu'est-ce qui t'intéresse?

– Le métro.

Raymond Queneau, Zazie dans le métro, Gallimard, 1959

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[1] Dans le film, c'est l'église de la Madeleine.

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On peut situer sur le plan ci-dessous les lieux mentionnés dans cette scène, à savoir :

A. La Madeleine (8e)
B. Les Invalides (7e)
C. Le Panthéon (5e)
D. La Gare de Lyon (12e)
E. La Caserne de Reuilly (12e aussi)


Agrandir le plan

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On trouvera sur ce site une analyse des lieux de Zazie dans le métro. Ce site s'appelle les Lettres volées, en voici la présentation trouvée sur la page d'accueil :

 

"Le site des Lettres volées, dédié à l’enseignement de la littérature en Terminale Lettres, propose des contributions au programme, des références bibliographiques, et de manière générale tout document susceptible de faciliter la réflexion personnelle de chacun, sans se substituer à elle."

Ce site est donc autant destiné aux professeurs de lettres pour les classes de terminale L au lycée qu'aux curieux. En effet, le roman et le film étaient au programme de l'année 2012/2013.

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  • Un peu de culture francophone (surtout française). Rien n’est incompréhensible pour des étudiants curieux, même si « on ne l’a ni lu, ni vu, tant qu’on en a entendu parler » (Cavanna). Bonne visite ! Des lecteurs en Serbie
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