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Les Caves du Majestic
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13 octobre 2013

Ceux qui m'aiment prendront le train - Patrice Chéreau (1998) Don't forget the nite - Rita Mitsouko (1982)

Le metteur en scène Patrice Chéreau (1944-2013) a beaucoup travaillé pour le théâtre. Mais il est aussi l'auteur d'une douzaine de films parmi lesquels on mentionne le plus souvent La Reine Margot (1994) et Ceux qui m'aiment prendront le train (1998).

ceux-qui-m-aiment-prendront-le-train-1998-04-g
Pascal Greggory et Charles Berling

Ce dernier film, un film choral, est ainsi présenté :

"Jean-Baptiste Emmerich (le peintre) avait dit : "Ceux qui m’aiment prendront le train. Et puis il est mort. Alors ils prennent le train pour Limoges, tous. Les vrais amis et les faux-jetons ; les héritiers, légitimes et les non-légitimes ; la famille naturelle et non-naturelle. Il y a des familles qui ne se réunissent qu’aux enterrements."

Ceux-qui-m-aiment-prendront-le-train-affiche-8451

La bande-annonce ci-dessous donne un ton au film et présente le personnage de Jean-Baptiste Emmerich, interprété par Jean-Louis Trintignant (Un homme et une femme, Amour,...).

On y voit aussi Valeria Bruni-Tedeschi (Claire), Charles Berling (Jean-Marie),  Roschdy Zem, Dominique Blanc, Bruno Todeschini, Pascal Greggory (François)…


Mise en ligne le 16 septembre 2011 par cinemaetcie

Transcription

Interviewer – On peut faire un essai ? Juste pour le son.
Jean-Baptiste Emmerich – Oui… un deux trois… je m’appelle Emmerich, Jean-Baptiste. Né le 2 avril 1926 à Limoges. Père : industriel. Mère : femme d’industriel.

Élodie – Regarde, c’est mon papa. Mais non ! Là ! Regarde, c’est papa !

Jean-Baptiste Emmerich – Une petite industrie, celle qu’on appelle familiale. Pas la porcelaine, la chaussure. À Limoges, quand on n’est pas dans la tasse de thé, on est dans la pompe. Ça va comme ça ?
Interviewer – Mais ça, c’est un peu administratif, non ?
Jean-Baptiste Emmerich – He ben on peut mettre aussi le travail, là-dedans. Ce sera vite fait, vous allez voir : pas besoin de questions, je fais les réponses tout seul. Emmerich, Jean-Baptiste, tatatatata. 1926 à Limoges. Pompes. Peintre, non : Artiste-peintre. Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre, hein ? Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ?

Claire – On a le droit de transporter un cercueil dans une bagnole privée ?
Jean-Marie – Ben tu vois bien !

Interviewer – Oui bon. C’est tout ?
Jean-Baptiste Emmerich – Qu’est-ce que vous voulez au juste ? Qu’est-ce qu’il veut au juste ?
François – Mais je ne sais pas moi. Il veut parler de peinture, voilà.
Jean-Baptiste Emmerich – Mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? J’ai 70 ans, voilà, et je suis fatigué. Je suis en train de fermer boutique, là. Et ma vie n’a aucun intérêt. Alors on peut parler art si vous voulez, on peut parler peinture si vous y tenez, mais vous savez c’est très chiant, aussi. Non ? Vous préférez pas qu’on parle chiffon, plutôt ? Ou alors, qu’on se foute une grenade dans le cul et qu’on attende que ça explose ?

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Lors d'un entretien accordé en 2009, Patrice Chéreau évoque ce film.


Ajoutée le 3 décembre 2009 par toutlecineTLC

Transcription

L’envol

Je crois que c’est la première fois que je travail avec Éric Gautier. Éric Gautier a une incroyable virtuosité de cadreur, quand il cadre, et donc, entre le train et… c’est le premier film où je me suis libéré d’une sorte de pesanteur du découpage que je faisais avant. C’est venu de la rencontre avec Éric et c’est venu aussi de ma réflexion sur le film précédent qui était la Reine Margot (1994) de me dire « est-ce que c’est comme ça que j’ai envie de filmer » je n’étais pas sûr. Ou plutôt, la Reine Margot était un tournage qui a duré très longtemps, cinq mois, un peu plus de cinq mois, et à la fin, ça m’a permis dans les derniers mois, d’expérimenter tout ce que je voulais. De me dire, voilà : sortons d’une grammaire scolaire, essayons d’imaginer tout ce que je peux faire avec la caméra. Je pense que la Reine Margot est le film qui m’a libéré à cause de cette durée de tournage. Et que le résultat en a été quelques années plus tard, trois ans plus tard : Ceux qui m’aiment prendront le train (1998), où brusquement j’ai osé tourner en cinémascope, ce que je n’avais jamais fait et où brusquement j’ai osé demander à la caméra de faire exactement ce que j’avais envie qu’elle fasse. C’est-à-dire qu’elle aille chercher tout ce qui était intéressant, ce qui crée un truc quelque fois vertigineux mais que j’ai adoré faire. C’est le film qui m’a libéré, Ceux qui m’aiment prendront le train. Je me suis dit : « Voilà, peut-être que je sais quand même faire du cinéma. »

L’Arrivée

Jean-Baptiste Emmerich – Préfecture de la Haute-Vienne (87) quand même. Voilà. Famille bourgeoise. Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre, hein ? Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ?

Le début était magnifiquement écrit et découpé déjà par l’écriture de Pierre Trividic qui avait refait tout le début. On avait travaillé avec Danièle Thompson et puis après Pierre est venu et tout le début a été écrit entièrement. C’est-à-dire c’est le métro, c’est-à-dire le buffet, c’est-à-dire les quais, c’est-à-dire tous les gens qui arrivent… cette agglutination de gens qui doivent prendre le train à sept heures et demi du matin.

La Catharsis

Il y avait le mélange après le cimetière de qu’est-ce qu’on fait. On va traditionnellement boire un verre et manger un petit peu dans la maison et après se poser la question de qui reste dans la maison, qui rentre à Paris, qui ne rentre pas, et tous les couples se font et se défont.

C’est pas des fantômes mais ils ont tous vécu dans son ombre, ils ont tous vécu dans son admiration, ils ont tous vécu dans sa tyrannie. Et donc, bruquement, le  fait qu’il ne soit plus là déchaîne tout, déchaîne toutes les crises, déchaîne beaucoup d’horreur et beaucoup de catharsis aussi.

La transmission

Est-ce que la transmission passe par la famille biologique ou pas ? De toute façon on espère toujours transmettre quelque chose. On ne sait pas si c’est le cas mais… je ne sais pas, je ne me pose plus trop la question. J’ai envie de faire mes films et d’avancer, d’aller sur le prochain film et de ne pas… je pense que je transmets des choses mais je ne sais pas encore tout à fait à qui. Mais toute personne qui a envie d’apprendre quelque chose de moi peut prendre, apprendre et prendre là où c’est et l’utiliser. Les gens qui veulent s’en inspirer, les gens qui travaillent avec moi, qui je pense ont tous un peu appris quelque chose – et moi j’ai appris avec eux, hein ! bien sûr, voilà.

Entretien : Laure Croiset, Véronique Delahaye
Réalisation :Maéva Penshvy

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La musique utilisée dans la bande-annonce est des Rita Mitsouko.


Mise en ligne le 18 juin 2008 par RackFalkandMe

(Fred Chichin - Catherine Ringer)

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  • Un peu de culture francophone (surtout française). Rien n’est incompréhensible pour des étudiants curieux, même si « on ne l’a ni lu, ni vu, tant qu’on en a entendu parler » (Cavanna). Bonne visite ! Des lecteurs en Serbie
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