Aleksandar Zograf, ma vie en BD - Aleksandar Zograf, život u stripu
Mercredi prochain aura lieu le vernissage d’une exposition consacrée à Aleksandar Zograf.
Vizuelna umetnost: Aleksandar Zograf, život u stripu
Izložba slavnog strip autora iz Pančeva koji je objavljen u Francuskoj i širom sveta
Od 12. februara do 22. marta
Francuski institut, Knez Mihailova 31
Otvaranje: sreda 12. februar - 19h
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Arts visuels: Aleksandar Zograf, ma vie en BD
Une exposition du célèbre bédéiste [sic] de Pančevo publié en France et dans le monde.
Du 12 février au 22 mars
Institut français, Knez Mihailova 31
Vernissage : mercredi 12 février - 19h
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Petite digression sémantique et de mauvaise foi.
On découvre le terme un peu bizarre de "bédéiste" (on connaissait déjà celui de "bédéaste", plus sympathique, inspiré du terme "cinéaste"). On est plus habitué à celui d’"auteur de bande dessinée".
Pourquoi il ne faut pas utiliser le mot « bédéiste » :
- Il est conçu sur la forme « BD », acronyme signifiant Bande Dessinée. Certains le trouvent réducteur et parfois blessant. « Quand on entend le mot "BD", on pense aux piles de de Titeuf en couverture plastifiée lavable dans les supermarchés » disait approximativement le libraire, éditeur et graphiste Étienne Robial dans un entretien paru en 1996. Robial était surtout attentif à toutes les étapes de la fabrication du livre. Son aventure éditoriale (avec le premier Futuropolis) a joué un grand rôle dans celle de L'Association.
- On y a adjoint le suffixe « –iste », l’un des plus détestables puisque il implique souvent un parti, une idéologie. Un bédéiste serait un membre du "parti de la bande dessinée" tout comme un "sportiste" (terme inexistant en français) serait un membre du "parti du sport". Or, la Bande Dessinée, comme tous les autres arts, a autant de place pour la vacuité que pour la consistance.
Le terme "bande dessinée" est lui-même un terme imparfait, comme l'attestent de nombreux débats. Quoiqu'il en soit, je vous en supplie : bannissez le néologisme « bédéiste » de votre vocabulaire.
En règle générale, refusez, rejetez tout néologisme basé sur "bédé".
Fin de la digression.
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La bibliographie française d’Aleksandar Zograf est exclusivement parue chez L’Association.
Bons baisers de Serbie et E-Mails de Pančevo
sont disponibles à la médiathèque de l'Institut Français de Belgrade
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Nous parlons régulièrement de cette maison d’édition puisqu’elle a été co-fondée par David B. qui y a publié L'Ascension du Haut-Mal (cette série constitue l'un des fils rouges de ce blog). Après une rencontre lors d'un festival à Oxford, David B. a décidé de publier Zograf en France.
Les deux auteurs avaient plusieurs affinités, notamment celle de s’inspirer de leurs rêves pour raconter des histoires.
David B. - L'Ascension du Haut Mal - Volume 6 (2003)
Il le raconte dans cet entretien paru il y a deux ans le 12 février (eh oui !) 2012 sur "ActuaBD". Il le répète dans ce texte écrit à l'occasion de l'exposition (repris en partie dans Vreme broj. 1205).
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Lapin est une revue d'expérimentation qui a permis à de nombreux auteurs de se faire connaître d'un public averti.
COMIX2000 est un recueil de 2000 pages de bande dessinée sans parole.
Aleksandar Zograf fait partie des nombreux auteurs à avoir publié dans ces deux publications.
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Le dernier album paru en France est composé de planches réalisées pour l’hebdomadaire Vreme.
C'était en 2008.
Un nouveau recueil est en préparation.
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Voici comment Aleksandar Zograf présente son travail au public français :
L’hebdomadaire indépendant Vreme est l’une des publications actuelles les plus reconnues en Serbie et dans la région. Il a survécu à l’air Milošević en dépit de son point de vue critique, qu’il a su conserver lors de l’arrivée du nouveau gouvernement en l’an 2000. J’étais simplement l’un des nombreux lecteurs à considérer que c’était un bon point de vue – la presse est là pour observer d’un œil critique les manœuvres du gouvernement et pas un seul gouvernement ne devrait se croire tout permis. Croyez-le, un magazine qui a survécu à Milošević peut survivre à TOUT et il sait comment se battre !
En fait, j’ai écrit des articles sur la bande dessinée et la culture populaire pour le magazine Vreme jusqu’en 1992. C’était vraiment un mélange d’écrits très disparates (le tout premier article que j’ai fait était une interview du défunt président Tito, menée par l’intermédiaire d’un étrange couple de spirites américains !).
Bien que je me considère avant tout comme un dessinateur et non comme un journaliste, ce n’est qu’en 2003 qu’il est venu à l’idée de l’un des rédacteurs de Vreme (Nebojša Grujičić) de me demander de proposer une bande dessinée de deux pages. Jusqu’alors, les bandes dessinées ne figuraient pas dans les magazines politiques en Serbie. J’ai pensé que c’était une drôle d’idée, et comme j’aime les drôles d’idées, j’ai fait une histoire sur mes trouvailles au marché aux puces.
Version originale des premières cases parues dans Vreme,
(le 17 avril 2003, numéro 641)
lire ici en entier.
Version française
Traduit du Serbe par Miriana Mislov
Lettrage de Céline Merrien
Relecture d'Aurélie Delafon
Le travail de Céline Merrien sur le lettrage est remarquable comme le travail éditorial en général (traduction de Miriana Mislov et maquette probablement due à Jean-Christophe Menu)
Il s’est trouvé que le rédacteur en chef (Dragoljub Žarković) était présent lorsque j’ai apporté les planches terminées à la rédaction et il a dit : "Ce serait bien que ça continue – pourrais-tu le faire chaque semaine ?"
C’était un événement soudain dans ma vie et j’aimais ça. Jusque-là, je n’avais publié que des histoires et des albums dans mon pays. D’ailleurs j’avais plus publié à l’étranger, c’est pourquoi je faisais la plupart de mes histoires d’abord en anglais. C’était une chance de revenir à ma langue maternelle et de passer au format complètement différent d’une bande dessinée hebdomadaire !
Comme je l’ai dit, dans la partie du monde où je vis, il n’y avait aucune tradition de bandes dessinées dans les pages des magazines politiques. Aussi les rédacteurs et les lecteurs ont-ils d’abord été perplexe – qui a laissé passer ce truc de Mickey dans un magazine "sérieux" ? Je n’y pensais même pas – je me contentais de faire des histoires sur les sujets que je trouvais intéressants chaque semaine. Plus c’était bizarre mieux c’était. En fait, j’estimais que ces histoires abordaient des questions aussi importantes que n’importe quel autre sujet débattu dans un magazine, sauf que que j’en parlais d’une autre façon. En outre, c’était une tentative d’atteindre une audience nouvelle et différente. Au bout d’un moment, je pense, tout le monde s’y est habitué – et lorsque j’étais en voyage et que ma bande-dessinée ne paraissait pas, les lecteurs écrivaient et s’en inquiétaient.
Les sujets de ces bandes dessinées sont divers et variés – j’ai juste pris des notes sur ce que je voyais au cours de mes voyages, et sur ce que je trouvais dans les ressources sans fin des choses oubliées, comme des livres obscurs ou des journaux intimes.
Je crois que les gens dans les Balkans, et particulièrement en Serbie, sont dans une phase "rétrospective".
La période de crise immédiate est passée, et maintenant, tout en se reconstruisant après dix années de guerres et de déclin économique (que le bombardement de l’OTAN en 1999 n’a fait que couronner), nous réflechissons sur ce que nous sommes, qui nous étions, et où nous avons fait fausse route. J’ai néanmoins essayé d’y mettre un peu d’humour, juste pour rendre les choses un plus vivantes (y a-t-il une vie sans humour ? je ne le crois pas.)
Il est, je pense, profondément humain de se poser ce type de questions et en fin de compte, on touche à des problèmes universels, où l’aspect "local" n’est pas si important. C’est pourquoi, je suppose, ces pages ne sembleront pas extra-terrestres aux lecteurs étrangers…
Alors bonne lecture !...
Aleksandar Zograf
Traduit du Serbe par Miriana Mislov