26/45 - Lili Marleen - Suzy Solidor (1942), D'Allemagne - Patricia Kaas (1988), La Mort Douce - Benoît Sokal (1983)
L’Heureux mix (2003) de la Tordue est un mélange des paroles de plusieurs chansons ayant marqué les auteurs sur une musique originale. Comme ils ne sont pas les seuls à les connaître, découvrons-les ensemble.
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La Tordue était un groupe qui puisait son inspiration dans l’Histoire. Pour cette raison et pour d’autres, il a pu passer pour un groupe politiquement engagé. Le choix de cette chanson dans l’heureux Mix est certainement l’un des moins anodins en raison de l’ambiguïté de ce standard international.
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L’Histoire de cette chanson, c’est l’histoire du XXème siècle européen. Écrite en 1915, composée en 1938, devenu un succès via Radio Belgrade.
Jean-Pierre Guéno raconte son histoire dans ce livre en Français et Boban Savković en serbe sur cette page de pulse.rs. Nous nous contenterons d’ajouter quelques détails en restant dans le domaine francophone avec :
- une adaptation ;
- une référence dans une chanson un peu plus récente ;
- une bande-dessinée.
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En effet, la chanson Lili Marleen a aussi été adoptée en France.
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Quel sens donner à son interprétation par Suzy Solidor (1900 – 1983) en 1941 ?
Nous sommes en pleine période d’occupation. Suzy Solidor souffrira (moins que d’autres) de son activité au sortir de la période d’épuration qui a vu l’exécution de nombreux intellectuels français. On ne se prononcera pas sur le sens de cette activité ni sur le choix de cette chanson adoptée par les soldats de la Wermacht comme, un peu plus tard, par les soldats alliés qui ont souvent entendu cette chanson diffusée par Radio Beograd.
Ajoutée le 17 avril 2008 par Vieux Disques
(Hans Leip – Norbert Schultze - adaptation Henri Lemarchand)
Devant la caserne
Quand le jour s'enfuit,
La vieille lanterne
Soudain s'allume et luit.
C'est dans ce coin-là que le soir
On s'attendait, remplis d'espoir
Tous deux, Lily Marleen.
Tous deux, Lily Marleen.
Et dans la nuit sombre
Nos corps enlacés
Ne faisaient qu'une ombre
Lorsque je t'embrassais.
Nous échangions ingénûment
Joue contre joue bien des serments
Tous deux, Lily Marleen.
Tous deux, Lily Marleen.
Le temps passe vite
Lorsque l'on est deux !
Hélas on se quitte
Voici le couvre-feu…
Te souviens-tu de nos regrets
Lorsqu'il fallait nous séparer ?
Dis-moi, Lily Marleen ?
Dis-moi, Lily Marleen ?
La vieille lanterne
S'allume toujours
Devant la caserne
Lorsque finit le jour
Mais tout me paraît étranger
Aurais-je donc beaucoup changé ?
Dis-moi, Lily Marleen ?
Dis-moi, Lily Marleen ?
Cette tendre histoire
De nos chers vingt ans
Chante en ma mémoire
Malgré les jours, les ans.
Il me semble entendre ton pas
Et je te serre entre mes bras
Lily… Lily Marleen.
Lily… Lily Marleen.
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Qu’est-ce que c’est, Lili Marleen, quand on a grandi en France à la fin du XXème siècle ?
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C’est une évocation dans la chanson de Patricia Kaas (née en 1966) qui s’intitule D’Allemagne et qui a été beaucoup diffusée.
Publiée le 24 novembre 2013 par Alexandre Neodvisni
(Didier Barbelivien – François Bernheim)
D'Allemagne
Où j'écoute la pluie en vacances
D'Allemagne
Où j'entends le rock en silence
D'Allemagne
Où j'ai des souvenirs d'en face
Où j'ai des souvenirs d'enfance
Lénine Place et Anatole France
D'Allemagne
L'histoire passée est une injure
D'Allemagne
L'avenir est une aventure
D'Allemagne
Je connais les sens interdits
Je sais où dorment les fusils
Je sais où s'arrête l'indulgence
Auf wiedersehen
Lili Marleen
Reparlez-moi des roses de Göttingen
Qui m'accompagnent
Dans l'autre Allemagne
À l'heure où colombes et vautours s'éloignent
De quel côté du mur
La frontière vous rassure
D'Allemagne
J'ai des histoires d'amour sincères
Je plane
Sur des musiques d'Apollinaire
D'Allemagne
Le romantisme est plus violent
Les violons jouent toujours plus lent
Les valses viennoises ordinaires
Auf wiedersehen
Lili Marleen
Reparlez-moi des roses de Göttingen
Qui m'accompagnent
Dans l'autre Allemagne
À l'heure où colombes et vautours s'éloignent
De quel côté du mur
La frontière vous rassure
Ich habe eine kleine wild Blume
Eine Pflanze die zwischen den Wolken blühte
D'Allemagne
J'ai une petite fleur dans l'coeur
Qui est comme l'idée du bonheur
Qui va grandir comme un arbre
Auf wiedersehen
Lili Marleen
Reparlez-moi des roses de Göttingen
Qui m'accompagnent
Dans l'autre Allemagne
À l'heure où colombes et vautours s'éloignent
De quel côté du mur
La frontière vous rassure
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C’est dans la Mort Douce (1983) que j’ai rencontré pour la première fois cette chanson ; sans la musique.
Elle y joue un rôle important.
Elle réveille chez certains personnages des souvenirs profondément enfouis.
Cette bande dessinée de Benoît Sokal (né en 1954) met en scène l’inspecteur Canardo, son personnage le plus fameux.
Cette série, à l’instar des productions de Walt Disney ou des Fables de La Fontaine, pratique l’anthropomorphisme. C’est-à-dire qu’elle met en scène des animaux dans des histoires humaines.
Avec les premiers albums de Canardo, on aurait intérêt à chercher une filiation du côté de Calvo (1892-1958). En effet, les animaux vivent dans un milieu qui n’exclut pas l’existence des humains. Leurs corps conservent des traits animaliers.
Les décors de forêt peuvent évoquer les Ardennes mais lorsque j’ai lu et relu cet album, je ne connaissais pas les Ardennes.
Certains animaux sont fascinés par l’ « Homme », comme certaines personnes peuvent être fascinées par « Dieu ».
Sokal est l’un des rares auteurs de bande dessinée (avec Ptiluc, sans doute encore plus radical) à avoir traité la condition humaine à travers la condition animale. (De ce point de vue, les albums suivants, plus urbains, sont d’une certaine manière plus classiques.)
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Et pour vous, qu’est-ce que c’est, Lili Marleen ?