Un Autre Moyen Âge - Jacques Le Goff (1999), "Il portico d'oro - Jacques Le Goff" depuis 2008
Jacques Le Goff (1924-2014), l'un des historiens français les plus importants. Il a profondément contribué à notre compréhension du Moyen Âge.
Tous les étudiants, en littérature comme en histoire, qui ont travaillé sur cette période connaissent au moins son nom.
Ses idées fortes [citées dans cet article paru sur le site du Nouvel'Observateur]
- Pendant un millénaire, le christianisme a régi la société et créé une organisation et une culture dont nous sommes les héritiers.
- Le christianisme médiéval a favorisé la notion d'« intériorité » préalable à l'émergence du sujet moderne.
- Le Moyen Age n'a pas connu de capitalisme : la recherche du profit y était proscrite.
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Plusieurs de ses textes ont été rassemblés dans Un Autre Moyen-Âge (1999) qui contient :
- Pour un autre Moyen Âge, 1977 ;
- L'Occident médiéval et le temps ;
- L'Imaginaire médiéval, 1985 ;
- La Naissance du Purgatoire, 1981 ;
- Les Limbes;
- La Bourse et la vie, 1986, Hachette Littérature ;
- Le Rire dans la société médiévale.
Tous ont été publié chez Gallimard, sauf mention contraire.
Olivier Barrot présente cet ouvrage dans l'émission Un livre, un jour lors de sa parution en 1999.
Transcription
Un livre un jour 1853
Avec sa collection Quarto dirigée par Françoise Cibiel, Gallimard a mis au point un nouveau type de livre. Plus de mille pages illustrées sous reliures souple pour rassembler un grand nombre d’écrits du même auteur : Alexandre Dumas, Aragon, Chateaubriand ou Marguerite Duras.
Du grand Historien Jacques Le Goff paraît aujourd’hui un recueil de textes sous le titre Un Autre Moyen Âge. Tous ne sont pas facile d’accès, mais tous saisissent par la limpidité du style et la vigueur de la pensée.
Photo trouvée ici
Jacques Le Goff, 75 ans, poursuit la tradition médiéviste française, celle des Gustave Cohen, des Marc Bloch, des Fernand Braudel et des Georges Duby. Mais il me semble qu’il y ajoute un talent d’écriture qui fait de lui un véritable écrivain de l’histoire dont témoignait récemment sa biographie de Saint Louis que j’ai présentée dans cette émission. Il suffit de lire par exemple sa préface à Un Autre Moyen Âge pour se dire que l’homme, Le Goff, est sans doute un type formidable.
Il expose par exemple pourquoi il est fait profession de l’histoire de cette époque. C’est qu’elle doit associer érudition et imagination.
Encore une fois, il s’agit d’un livre parfois difficile et cependant pétri d’approches concrètes de la vie aux XIIème et XIIIème siècles.
Jacques Le Goff montre par exemple à quel point l’obligation de la confession décrété par le concile de Latran en 1215 a favorisé l’examen de conscience, le travail intellectuel, et donc, la recherche.
Il raconte l’invention tardive, à cette époque, du purgatoire qui a redonné de l’espoir aux hommes et les griefs adressés aux inventeurs du crédit qui d’une certaine façon vendent du temps lequel n’appartient qu’au Seigneur.
Quelle intelligence et quelle générosité !
Présentation Olivier Barrot
Réalisation Fabrice Ferrari
France 3 1999
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En 2008, l'Université de Bologne a décidé de baptiser un prix d'après son nom.
Il est ainsi présenté.
Il "Portico d’oro" è un premio internazionale, intitolato a Le Goff, che intende valorizzare figure ed opere impegnate con correttezza ed efficacia nella divulgazione e nella didattica della storia. Il premio si avvale della sovrintendenza di Jacques Le Goff e di alcuni dei più apprezzati storici italiani ed europei.
Voici ce que dit Jacques Le Goff à cette occasion.
(La vidéo est très amateure, mais là n’est pas l’important.)
Publiée le 4 novembre 2013 par Dipartimento di Scienze dell'Educazione - Unibo
Transcription
Parigi 9 ottobre 2008
conferimento del Premio
"Il portico d’oro"
a Jacques Le Goff
al quale viene intitolato
Et je suis très honoré de recevoir ce prix magnifique d’une célèbre université, la plus ancienne université existant dans le monde qui, dès le douzième siècle, a manifesté l’apparition d’un nouveau centre de savoir et d’enseignement qui est devenu dans le monde entier aujourd’hui un foyer essentiel.
L’honneur qui m’est fait, j’en suis d’autant plus heureux que les motifs indiqués dans la fondation de ce prix vont tout-à-fait dans le sens de ce qui m’a toujours éclairé et poussé pendant mon long travail d’enseignant et d’historien.
L’Histoire est d’abord nécessaire parce qu’elle est une leçon de vérité. Elle doit s’appuyer sur des documents. Elle doit les discuter. C’est sa première vertu : être une maîtresse de vérité et d’esprit critique. La mémoire peut se tromper. La mémoire peut être aveuglée par la passion. L’Histoire doit être objective, ou mieux, elle doit être vraie.
L’Histoire apprend à l’Humanité qui elle est, d’où elle vient, ce qu’elle est et laisse entrevoir vers où elle va. L’Histoire domine et éclaire l’avenir et le présent et ouvre la porte vers le futur. Par conséquent, l’Histoire doit pouvoir être connue et comprise par tous. Il doit suffire d’un minimum de formation intellectuelle pour que l’on s’intéresse à l’Histoire
Les enseignants d’Histoire, les écrivains d’Histoire, doivent se préoccuper d’être accessibles à tous et en particulier à ceux qui auront le futur de la société humaine, c'est-à-dire les jeunes et les étudiants.
Je suis évidemment surtout ému et honoré par le fait que cette célèbre université a donné mon nom à ce prix magnifique et important. Mais je suis surtout heureux que l’université de Bologne ait défini la façon dont l’Histoire doit être faite : avec méthode, esprit critique, à la recherche de la vérité et doit être expliquée de façon à être non seulement comprise par tous mais éclairée. Chaque homme, chaque femme, depuis sa jeunesse pour la connaissance du passé qui est nécessaire pour améliorer le présent et préparer un meilleur avenir.
L’Histoire est, je crois, le phare de l’Humanité et c’est arc, c’est là-dessous que doit passer cette vérité.
Università di Bologna
Comune di Bologna
Facolta di Scienze della Formazione
Fondazione Alma Mater
Dipartimento di Discipline Storiche
A cura del Centro Internazionale di Didattica della Storia e del Patrimonio (DiPast) e del Laboratorio Multidisciplinare di Ricerca Storica