Poulet aux prunes - Marjane Satrapi & VIncent Paronnaud (2011)
Poulet aux prunes de Marjane Satrapi (cinéaste et auteure de bande-dessinée née en 1969) & Vincent Paronnaud (cinéaste et, sous le nom de Winschluss, auteur de bande-dessinée né en 1970) nous donnera l'occasion d'aller faire un tour dans un Téhéran nostalgique de 1958.
Dans cette bande annonce on reconnaîtra peut-être :
Jamel Debbouze - Houshang
Maria de Meideros - Faringuisse
Mathieu Amalric - Nasser Ali Khan
Goldshifteh Farahani - Irâne
Didier Flamand - le Maître de musique
et la voix d'Edouard Baer, le narrateur
Mise en ligne le 25 août 2011 par Le Pacte
Transcription
Je vais vous raconter une petite histoire.
Houshang – Je me rappelle la première fois où je vous ai entendu jouer. Je me suis dit que je n'avais jamais rien entendu d'aussi beau de toute ma vie.
Il était le meilleur violoniste de son temps.
Faringuisse – La belle affaire. J'en ai marre de m'occuper de tout.
Nasser Ali Khan – Tu savais, en m'épousant, que j'étais un artiste.
Faringuisse – C'est trop te demander de t'occuper de ton fils ?
Un enfant – Vous avez de l’opium ?
Malgré les apparences, sa femme l’aimait toujours.
Nasser Ali Khan – De toute façon, c’est de ta faute.
Faringuisse – Tout est toujours de ma faute.
Nasser Ali Khan – Bien sûr, c’est de ta faute !
Puisqu’aucun violon ne lui donnerait plus jamais le plaisir de jouer, Nasser Ali décida de mourir. Il réfléchit aux différentes manières de mettre fin à ses jours.
Non.
Non.
Non.
Faringuisse – Ne laissons pas un simple violon détruire notre vie.
Houshang – Vous avez été tellement brisé que votre cœur est devenu un bloc [...].
Donc il avait décidé de mourir.
Faringuisse – Encore ?!
Houshang – Et il n’y a rien de pire pour un homme que de renoncer à la vie.
Irâne – Joue pour moi. Ta musique est si belle.
Irâne – Je suis venu te dire adieu mon amour.
Le Maître – Ce que tu as perdu sera dans chaque note que tu joueras.
Le Maître – La vie est un soupir. C’est de ce soupir que tu dois t’emparer.
Houshang – Rien que d’y penser, j’ai envie de pleurer… Vous voyez la larme qui coule là ? Juste là. Vous voyez ?
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Ce film est l'adaptation d'un livre précédent de Marjane Satrapi, également intitulé Poulet aux prunes et qui a paru en 2004 chez l'Association.
Elle y a également publié Persépolis en quatre volume entre 2000 et 2003. Cette autobiographie d'une jeune iranienne exilée qui a donné lieu à un film d'animaton également co-réalisé par Vincent Paronnaud a été un succès commercial sans précédent pour cette maison d'édition exigeante tant en ce qui concerne la qualité des oeuvres publiées que de leur réalisation.
(Planche trouvée ici)
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La différence principale entre le livre et le film réside dans le choix de l'instrument.
Le film choisi le violon alors que dans le livre, il s'agissait d'un târ (une sorte de luth) que Navid, un jeune étudiant au conservatoire de Grenoble présentait dans ce document datant de 2007.
Qu'on me permette d'exprimer l'avis que ce choix est fort dommage. L'argument selon lequel l'oreille occidentale n'est pas habitué à la musique du târ me semble plutôt être un argument positif. C'est une raison de plus pour choisir cet instrument.
transcription
Journaliste
Jeune étudiant de 19 ans d’origine iranienne, Navid est resté fidèle à la culture musicale de son pays. Il nous fait découvrir aujourd’hui un instrument essentiel dans la musique d’Iran, le târ.
Navid
Donc il faut savoir que c’est un instrument à corde pincées et qu’on peut le retrouver en Iran, en Géorgie, en Arménie et dans les autres régions du Caucase.
Les six clefs correspondent aux six cordes et il faut savoir que le târ en persan signifie corde.
Journaliste
Cet instrument qui peut jouer sur deux octaves et demie possède une caisse de résonnance à double renflement et une table d’harmonie en peau. Sa forme ressemble à deux cœurs réunis par leurs pointes.
Navid
Le târ se joue avec cet objet qui est le médiator et en persan ça s’appelle le mesra et il a la particularité de prendre la forme des doigts de celui qui joue l’instrument.
Journaliste
Sa table d’harmonie en peau d’agneau lui donne cette sonorité chaude et riche, rehaussée par le bois de mûrier qui est utilisée pour la caisse de résonnance.
Navid
Le lieu d’origine exact du târ ne peut être confirmé. Cependant le târ a été inventé dans des territoires de l’empire perse ou influencés par celui-ci. La Perse, l’Iran, l’Afghanistan, ou des régions d’anciennes républiques soviétiques comme l’Arménie, la Géorgie ou l’Azerbaïdjan.
Avec le cithar ils étaient les instruments les plus joués par les maîtres du passé, surtout au XIXème siècle.
Journaliste
La richesse de l’improvisation de cet instrument tourne autour de mélodies centrales servant de noyau que chaque musicien connaît grâce à l’expérience et à l’absorption. Nous sommes donc dans un monde musical où la tradition personnelle, subtile et profonde, reste prédominante.
Navid a reçu cet instrument de la part de ses parents voici quelques mois. Depuis, grâce à l’aide d’un professeur spécialisé, il ne cesse de progresser et deviendra certainement un digne interprète de cette musique aux sonorités encore inhabituelles aux oreilles