Le Cimetière marin - Paul Valéry (1920), illustré par Gio Colucci (1945)
Petite série estivale autour d'un poème de Paul Valéry dont la postérité nous étonne. Cette série nous a été inspirée par cet extrait de l'Ascension du Haut Mal de David B.
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Le Cimetière marin a fait l’objet de plusieurs éditions. L’une d’entre elle a attiré notre attention. Il s’agit d’un beau livre publié par les ditions À l’enseigne de la Trirème en 1945.
L'auteur est Gio Colucci (1892-1974).
Nous reprenons bêtement les images diffusées sur cette page par le site néerlandais de la Bibliothèque nationale des Pays Bas (Koninklijke Bibliotheek) à laquelle vous vous référerez pour en savoir plus sur ce beau livre. Il s'agissait plus précisément de la collection Koopman.
Nous y ajoutons les strophes illustrées (1, 5, 14, 22).
On peut trouver le texte complet sur la note précédente.
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1. Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Ô récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !
5. Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.
14. Tu n'as que moi pour contenir tes craintes !
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant ! …
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.
22. Non, non ! … Debout ! Dans l'ère successive !
Brisez, mon corps, cette forme pensive !
Buvez, mon sein, la naissance du vent !
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme… Ô puissance salée !
Courons à l'onde en rejaillir vivant.
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On comparera ce dessin avec un autre portrait, photographique celui-là de Paul Valéry, et on se dira que, décidément, Gio Colucci connaissait son métier.