Tirez sur le pianiste (notre prochain cinéclub) a marqué la première apparition de Boby Lapointe (1922-1972) au cinéma et probalement son lancement puisqu’il a ensuite pu enregistrer son premier disque, un 45 tours, en 1960.
François Truffaut, amateur de chansons (il y en a beaucoup dans ses films) fréquentait les cabarets dont Le Cheval d’Or (5ème arrondissement) où il découvrit le chanteur Boby Lapointe.
C’est ce chanteur de cabaret qu’accompagne au piano Charles Koller (interprété par Aznavour) dans cette scène de Tirez sur le pianiste.
Ajoutée le 11 février 2008 par kinder08
(Boby Lapointe)
Elle s'appelait Françoise
Mais on l'appelait Framboise
Une idée de l'adjudant
Qui en avait très peu, pourtant,
Des idées.
Elle nous servait à boire
Dans un bled du Maine-et-Loire (49)
Mais c'n'était pas Madelon
Elle avait un autre nom
Et puis d'abord, pas question
De lui prendre le menton (06)
D'ailleurs, elle était d'Antibes (06) !
Quelle avanie !
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin !
Pour sûr qu'elle était d'Antibes !
C'est plus près que les Caraïbes
C'est plus près que Caracas
Est-ce plus loin que Pézenas (34) ?
Je ne sais pas.
Et tout en étant Française
L'était tout de même Antibaise
Et, bien qu'elle soit Française,
Et malgré ses yeux de braise
Ça ne me mettait pas à l'aise
De la savoir Antibaise
Moi qui serais plutôt pour !
Quelle avanie !
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin !
Elle avait peu d'avantages
Pour en avoir davantage
Elle s'en fit rajouter
À l'institut de beauté,
Ah ah ah !
On peut, dans le Maine-et-Loire,
S'offrir de beaux seins en poire
Y a un institut d'Angers (49)
Qui opère sans danger
Des plus jeunes aux plus âgés
On peut presque tout changer
Excepté ce qu'on ne peut pas !
Quelle avanie !
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin !
Davantage d'avantages
Avantagent davantage
Lui dis-je, quand elle revint
Avec ses seins angevins,
Deux fois dix !
Permets donc que je lutine
Cette poitrine angevine
Mais elle m'a échappé
A pris du champ dans le pré
Et je n'ai pas couru après
Je ne voulais pas attraper
Une Angevine de poitrine !
Moralité :
Avanie et mamelles
Sont les framboises du destin
*********
C’est à Pézenas (34) que naquit et mourut Boby Lapointe.
Mais cette chanson fait voyager en France (voir la carte) et dans le monde (Caracas, au Vénézuéla et aux Caraïbes).
*********
Chanson de « comique troupier », cette histoire de serveuse paraît en effet grivoise. Truffée de jeux de mots et d’allophones, elle mêle à cet humour un autre type d’humour linguistique et absurde.
Framboise se réfère à Madelon, une serveuse qui réconforte par sa présence les soldats. Créée par le comique troupier Bach (1882-1953), Quand Madelon… date de 1914 et est désormais associée à la première guerre mondiale dont elle est devenue l’un des symboles.
On pourra écouter l’histoire de cette chanson par Bertrand Dicale en suivant ce lien.
Ajoutée le 9 avril 2009 par ccffpa
(Louis Bousquet – Camille Robert)
Pour le repos, le plaisir du militaire,
Il est là-bas à deux pas de la forêt
Une maison aux murs tout couverts de lierre
Aux vrais poilu c'est le nom du cabaret
La servante est jeune et gentille,
Légère comme un papillon.
Comme son vin son œil pétille,
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour
Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire
Madelon, Madelon, Madelon !
Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise
Ce qu'on fera quand la classe rentrera
En comptant les jours on soupire
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu'on ne peut pas lui dire
On va le dire à Madelon
On l'embrasse dans les coins. Elle dit : « Veux-tu finir... »
On s'figure que c'est l'autre, ça nous fait bien plaisir.
au refrain
Un caporal en képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un beau matin
Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie
Et qu'il venait pour lui demander sa main [Oui sa main...]
La Madelon, pas bête, en somme,
Lui répondit en souriant :
« Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment ?
Tes amis vont venir. Tu n'auras pas ma main
J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin. »