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7 novembre 2015

L'ancien combattant - Coluche (1973) + Droit de réponse (1983), Le Jeu de la Vérité (1985)

Quand il y avait encore des anciens combattants, on pouvait en rencontrer pendant les commémorations. Il y avait aussi des associations d’anciens combattants. Curieusement, lorsqu’on se moquait de la guerre, certains croyaient qu’on se moquait des anciens combattants.

Voyons deux exemples, l’un aujourd'hui avec Coluche, l’autre demain avec Brassens.

 

15 Coluche
L'image vient d'ici.

L'illustration vient de la télévision, mais le document est ici du disque dont voici la pochette.

 

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Le sketch comporte des jeux de mots et des pataquès, ainsi que des références à l'actuaité de 1973.

C'est une actualité qui dure encore.

 


Ajoutée le 25 mars 2013 par soundbank fromvinyls

Transcription

J'regarde si c'est pas miné, hein.

Repos, la classe !

J'me présente : Dumoulin ! J’m’appelle Dumoulin mais les copains m'appelaient Duboudin.

Parce que chaque fois que j'entrais dans la chambrée, y'en avait toujours un qui chantait : « "Tiens voilà Dumoulin, voilà Dumoulin… »

Elle est très bonne !


Ajoutée le 26 juin 2013 par 57 Franc Français

Repos, les gars !

Ah nom de Dieu !

Ah ! ‘Faut pas s'plaindre, hein. On n’est pas les plus malheureux, allez !

J'avais un copain il s'appelait Cocu. C'est agréable !

Il osait pas se marier, dis-donc. Pourtant il en avait trouvé une qui voulait bien. C’est peut-être pour ça qu'il voulait pas !

Alors ils s’étaient mariés quand même. Ils s'étaient cuités tous les deux. Il est arrivé devant le maire avec sa promise bourrée !

Tiens... d’habitude, ça fait rigoler ça.

[Un temps]

« Cuitée » ! C'est « promise cuitée » qui fait rigoler !

‘Vous dérangez pas, j'vais vous la refaire.

Alors il est arrivé devant le maire avec sa promise complètement cuitée...

Ça fait rien laissez tomber !

Ah nom de Dieu !

Enfin lui, il a eu d'la chance, il est mort en 14, au début... Comme ça il a pas vu la suite.

C'était pas beau à voir. Il avait été blessé au front… Non, pas à la tête…

Aux pieds.

Nom de Dieu !

Ah ben ça rigolait pas, hein ! Moi qui vous cause, j'ai été blessé deux fois : une fois à l'abdomen, une fois à l'improviste.

Lui, il avait eu comme qui dirait le pied arraché par un obus de passage.

Nom de Dieu !

On s'était dit : « On va lui couper la jambe le plus haut possible pour éviter que ça s'infecte au genou, hein ! »

Ah nom de Dieu !

Comme on n’avait rien pour l'endormir, on a dit : « On va y crever les yeux pour que le malheureux, y voie pas sa misère. »

On lui a crevé les yeux et on lui a dit : « On t'racontera. »

On n’a pas eu besoin de lui raconter, il est mort pendant qu'on lui cassait l'os… avec des cailloux, on n’avait rien, hein…

Ah nom de Dieu !

‘Faut pas s’plaindre, on n’est pas les plus malheureux, hein.

Oh ben dis-donc, la guerre de 14, c'était pas des vacances.

Heureusement dans un sens, parce qu'il a pas fait beau.

On s'disait toujours : « Ah, ben, y f'ra beau demain. » Et beng ! La flotte !

Remarquez, faut pas s'plaindre, au Patiskan, y s'disent toujours : « Ah ben ! On aura une meilleure récolte l'année prochaine. » Et beng, la dèche ! [Bengladesh]

Elle est très bonne, elle est très bonne… J'l'aime bien aussi !

Nom de Dieu !

On a souffert, hein !... De l'odeur, tiens !

Oh, misère…

Ben, vous savez ce que c’est : les premiers montent à l'assaut. Y s'font tuer à 3 mètres, et après ça pue pendant toute la guerre ! Parce que tout le monde disait : « Le front, le front ! » Mais quand on est arrivé, il existait pas le front. On est arrivé là, nom de Dieu ! On était comme qui dirait là, les allemands étaient à 100 mètres de nous.

On leur a dit :
« - On fait le front ici!
- Ya !
- On s’met ici !
- Ya Aufwidersen !
- Oui c'est ça, aux fines herbes ! »

Alors, on a creusé nos tranchées, ils ont fait les leurs. Pendant ce temps là, on s'tirait pas d'ssus, sans ça on aurait pas pu finir la guerre.

Faut être raisonnable !

Enfin la guerre s’est bien passée, tant qu'on a eu des munitions, ça allait encore…

Mais après, nom de Dieu !

Ils ont commencé à nous jeter des bouteilles de bière. J'ai gueulé ! J'ai dit : « Y pourraient avoir des poubelles, quand même ! »

Alors nous, on leur a jeté nos boîtes de corned-beef… pleines. On en avait plein.

Des petites boîtes kaki dehors, là, vous savez ?... caca dedans.

On en avait beaucoup. C’était des boîtes qu'ils nous laissaient de la guerre de 1870, déjà...

Ouais. Il en est resté assez pour faire toute la guerre de 40 !

C'est seulement qu'arrivés en Algérie qu'on leur a dit : « Voilà : on vous laisse l'Algérie, mais vous nous reprenez le corneed-beef... »

Alors ils sont partis avec. C'est plus tard seulement qu'ils l'ont revendu à Jacques Borel (industriel né en 1927).

Jacques Borel  Un restau-route
La deuxième image vient d'ici.

On n’est pas les plus  malheureux, hein ! On n’est pas obligé d'y aller, hein !

Ah nom de Dieu !

Enfin moi, j'regrette pas de l'avoir fait la guerre !

D'abord parce que j'ai été décoré, puis parce que j'suis pas mort, hein.

Évidemment, puisque j'ai été décoré !

À la guerre on décore ceux qui r'viennent. Ceux qui étaient courageux, c’est ceux qui sont mort.

Enfin, on peut pas être partout !

Alors comme ça, j'ai ma pension, et puis il y a les commémos.

Les commémos, c'est bath, ça ! Alors, on y va. On pose par terre un bouquet de fleurs qu’ils vous donnent. On joue tout le temps là dedans, pareil. Hop.

Et puis après : banquet avec les copains. On s'en met plein la gueule !

Bien sûr, c'est pas nous qui paye [sic], hein…

C'est vous !

Et puis alors, y a toujours un ministre.

Évidemment puisque c'est pas lui qui paye [sic] non plus.

En général, c'est Debré.

Michel Debré
Michel Debré
(1912-1996) était alors ministre de la Défense (1969-1973) sous la présidence de Georges Pompidou. C'est pouquoi il assistait aux commémorations.

Je sais pas comment il s'demerde çui-là ! Depuis la guerre de 14, il est tout le temps là, mon pote !

Ah, puis c'est un bouc en train [sic : on dit un boute en train] ! Ho la la !

Oh, nom de Dieu !

T'entends un bouchon qui saute, tu te tournes : c'est Debré !

Y en a un qui ronfle pendant le discours de Malraux : c'est Debré !

Debré & Malraux  Debré & Malraux
Mai 1968 : Michel Debré et André Malraux (1901-1976, alors Ministre de la Culture, 1959-1969) en tête d'un cortège de soutien à Charles De Gaulle.
La deuxième image vient d'ici.

 

Y en a un qui s'met un entonnoir sur la tête pour faire marrer les copains, dites le avec moi : « C'est Debré ! »

Alors ! J'invente pas. Tout le monde le sait !

 

n°105 wolinskin°125 Gébén°534 Cabu
Dessins signés Wolinski (1972), Gébé (1973) et Cabu (1981).
C'est à Wolinski que l'on doit de se représenter Michel Debré avec un entonnoir sur la tête.

 

Enfin, ‘faut pas se plaindre, hein.

Tiens, faut que j'vous raconte une amecdote [sic].

Figure-toi qu'un jour, c'était la nuit…

Après une commémo, je sais pas si c'était la chaleur ou l’émotion, mais tout le monde était ému.

Et le p'tit Michel était complètement ému !

Je lui dis : « Écoute, Michel, tu vas pas rentrer comme ça, tu vas te faire engueuler par ta bergère ! T'as qu'à venir dormir à la maison. On est pas riche comme Fréjus, mais on peut loger un copain. »

Alors j'le monte dans la bagnole. Nom de Dieu ! On fait pas 300 mètres qu’on s'fait arrêter par deux gendarmes !

Je dis au plus gland – par la taille – : « Faites attention, le p'tit qu’est roulé en boule derrière, c'est Michel Debré. »

L'autre y m'répond : « Je sais, moi j'suis la Callas, et mon copain, c'est les Beatles. »

Oh nom de Dieu !

Ils nous ont emmenés à la gendarmerie. Eh ben, heureusement que Michel Debré avait le numéro de téléphone d'Alain Delon sur lui, hein…

Sans ça, on y passait la nuit, mon pote !

 

***********

 

Le sketch a blessé et a été à l’origine d’échauffourées comme celle-ci. Ce document extrait d’un numéro de Droit de Réponse (18 juin 1983), la fameuse émission de Michel Polac (1930-2012), consacré à Coluche et à ses détracteurs.

 


Ajoutée le 23 avril 2014 par the edge

Transcription

Ancien combattant – Je veux simplement que tu t’excuses quand tu t’es amené sur scène habillé en poilu de 14, une médaille militaire que tu n’as jamais eue et en disant : « les anciens combattants, y en a marre, c’est des vieux cons ». C’est pas des paroles à dire, ça, mon pote.

Coluche – J’ai pas dit du mal des anciens-combattants, j’ai dit du mal de la guerre. Alors si vous êtes pour la guerre, on peut discuter, moi je suis contre. Maintenant, si vous aimez les médailles – je m’en doutais , que vous aimiez ça – je vous en ai acheté parce que c’est en vente dans le commerce, et je vous en amené une de chaque, voilà.

Michel Polac – Il faut faire quelques gros plans sur Coluche, là.

Coluche – Comme ça, j’espère que vous n’en manquerez plus. Tenez monsieur, ça me fait plaisir de vous les offrir.

Ancien combattant – La comédie, elle a des limites, croyez-moi monsieur.

Coluche – Et à la mémoire de mes camarades comiques morts en se faisant chier à essayer de vous faire rire, je vous crache au cul monsieur.

 

***********

 

Il s’explique un peu plus longuement dans ce document extrait d’un numéro daté du 27 septembre 1985 du Jeu de la Vérité, une émission de Patrick Sabatier (né en 1951). Le document est entrecoupé d’un autre extrait de l’émission de Michel Polac.

 


Coluche et Les Anciens Combatants, il s'explique by jay_8

Transcription

1. Le jeu de la vérité

1ère dame – Tu es passé à l’émission droit de Réponse.

Coluche – Je me rappelle, j’y étais.

1ère dame – C’était un très bref passage.

Coluche – Oui.

1ère dame – Est-ce que tu pourrais m’expliquer – parce que moi, la presse, ce qu’elle en a dit, ça ne m’intéresse pas, mais comme j’ai l’occasion de t’avoir face à face – …

Coluche – Oui.

1ère dame – Est-ce que tu peux m’expliquer, toi, pourquoi tu as quitté le plateau.

Coluche – Oui, c’est très simple, nous étions convenus – comme on dit, n’est-ce pas – avec Polac de… que je me tirerai avant en tout cas, ou que je fasse scandale en tout cas parce que… il avait invité... la différence avec cette émission, c’est que les gens qui étaient censés dire du mal de moi était sur le plateau et que ces gens-là ne l’auraient pas fait si j’étais resté. Donc, pour que ces gens-là puissent vraiment vider leur sac, il fallait bien que je m’en aille…

1ère dame – Ah bien, d’accord.

Coluche – … Si vous voyez ce que je veux dire… Parce que nous pratiquons là des émissions, comme d’ailleurs là, celle de Patrick [Sabatier] qui sont faites, en fait, pour la majorité du public qui n’aime pas un artiste. C’est un peu technique/compliqué ce que je vais vous dire mais n’importe qui a l’occasion, là, de déverser sa bile, de dire des horreurs s’il a envie de les dire et d’être en direct. Mais quand le type est sur le plateau, il se dégonflera tant que vous serez là. Donc il fallait bien que je les laisse parler et que je m’en aille. Aujourd’hui je peux rester parce que vous êtes au téléphone et je pense que personne ne se grattera pour…

 

2. Droit de Réponse

Michel Polac – Vous êtes ancien combattant et vous venez du Mans spécialement pour…

Coluche – Ancien-combattant, c’est pas grave, c’est pas fait pour durer.

Ancien combattant – Écoute  mon pote, t’as eu tes biftons. T’as jamais été rifton, toi, non ?

Coluche – Si monsieur, j’ai été militaire.

Ancien combattant – Bon, écoute mon gars, je te parle au nom des 1.500.000 morts de 14-18 que tu as insultés.

Coluche – Ah ! Je n’ai tué personne en 14-18, alors là, monsieur, je m’excuse ! Mais ça va pas non ?!

Michel Polac – Alors monsieur Notaire.

Coluche – Je n’ai tué personne, moi ! Je vais pas me laisser emmerder...

 

3. Le jeu de la vérité 

Coluche – Bonsoir madame.

2ème dame – J’aimerais savoir pourquoi vous avez traité les anciens-combattants de cons.

Coluche – Oui.

2ème dame –

Coluche – Vous savez, les anciens combattants sont pas tous cons. Leurs parents ont des responsabilités aussi, hein… J’ai traité les anciens combattants de cons, effectivement, madame, je sais que c’est mal et que… mais c’était surtout pour provoquer une réaction, parce que moi, je trouve, personnellement, qui n’ai pas fait la guerre – moi, je considère que c’est une chance mais d’autres pensent le contraire, probablement…

2ème dame – Oui.

Coluche – En tout cas moi je pense que j’ai de la chance de ne pas avoir fait la guerre. Aujourd’hui y a pas longtemps, on vient de fêter le quarantième anniversaire de la fin de la guerre, et je voudrais savoir quand est-ce qu’ils vont nous lâcher les noix avec leur guerre qui est finie depuis quarante ans, merde.

[Applaudissmeent du public.]

Coluche – Je n’en veux pas spécialement aux anciens combattants, j’en veux au cinéma qui est fait autour… de la publicité qu’on fait à a guerre de cette manière-là. Et je trouve que la guerre ne vaut pas qu’on lui fasse cette publicité-là sauf si c’est orchestré sciemment.

Sabatier – Madame, est-ce que vous avez quelque chose à…

2ème dame – Puis-je me permettre un mot.

Sabatier – Oui, madame, je vous en prie.

2ème dame – Mon papa est un ancien combattant de 14-18.

Coluche – Le mien aussi, oui.

2ème dame – Il a fait quatre années de tranchées.

Coluche – Ben oui.

2ème dame – Donc je n’ai absolument pas aimé votre parole. Vous n’avez pas de respect pour ces hommes qui ont tant souffert moralement et physiquement.

Coluche – Oui.

2ème dame – Donc je n’ai pas apprécié votre parole, absolument pas.

Coluche – Ben oui, je comprends que…

2ème dame – C’est un manque de respect pour les anciens combattants.

Coluche – Je comprends que ça vous touche, mais bon euh…

2ème dame – Ça m’a beaucoup touchée…

Coluche – Ben oui, mais les Allemands ont fait six millions de morts chez les Juifs, ils en ont fait vingt millions chez les Russes.

2ème dame – Oui mais là n’est pas la question.

Coluche – Les Américains ont fait cent-cinquante millions de morts chez les Indiens. Et puis bon, qu’est-ce que vous voulez, voilà, c’est la guerre qu’il faut arrêter, c’est pas les anciens combattants.

2ème dame – Ben oui mais il faut pas les traiter de cons.

Coluche – Il faut pas glorifier les anciens combattants, c’est pas un moyen d’arrêter la guerre, à mon avis.

2ème dame – Non bien sûr, je suis d’accord avec vous.

Coluche – C’est tout ce que je veux dire, hein.

2ème dame – Voilà.

Coluche – Moi, les mecs qui défilent avec des médailles sous prétexte qu’ils y étaient, je sais bien que c’est des victimes. Mais tous ceux qui ont eu la chance de pas vivre la guerre, soient régulièrement alertés par ça, c’est faire de la publicité à la guerre, c’est tout, c’est tout et c’est ça qu’il faut arrêter. Il faut arrêter de faire de la publicité à la guerre. Il faut que les anciens combattants… il faut que les anciens combattants ne défilent pas comme des victimes mais se réunissent pour dire qu’il faut faire quelque chose pour que ça s’arrête. Il faut pas faire une publicité comme ça, c’est pas bien.

Sabatier – Madame, je ne voudrais pas vous interrompre, mais nous allons passer à une autre question, à un autre thème s’il vous…

2ème dame – D’accord

Sabatier – … plaît, merci en tout cas de votre intervention.

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