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Les Caves du Majestic
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8 novembre 2015

La Guerre de 14-18 - Georges Brassens (1962) + Question de temps (1978)

Quand il y avait encore des anciens combattants, on pouvait en rencontrer pendant les commémorations. Il y avait aussi des associations d’anciens combattants. Curieusement, lorsqu’on se moquait de la guerre, certains croyaient qu’on se moquait des anciens combattants.

Voyons deux exemples, l’un hier avec Coluche, l’autre aujourd'hui avec Brassens.

 

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Pacifiste, Georges Brassens (1921-1981) a écrit aussi sur (ou plutôt contre) la guerre avec parfois des problèmes d’interprétations d'une partie du public.

 

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Cette chanson est par ailleurs un bon moyen de vérifier ses connaissances en histoire, puisqu’il y est fait référence à de nombreuses guerres dont il cite six en particulier.

On lira avec beaucoup d'intérêt cette explication détaillée de la chanson sur le site Analyse Brassens. J'y ai découvert des choses que j'ignorais.

On lira aussi cette contextualisation glanée sur l'excellent site l'Histgeobox, une mine d'informations sur les rapports entres chansons et Histoire.

 


Ajoutée le 6 avril 2013 par Bengi1907

 

(Georges Brassens)

Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis qu'il bataille à cœur joie
Entre mille et une guerr's notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
À l'encontre du vieil Homère,
Je déclarerais tout de suit' :
« Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! »

La Guerre de Troie

Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' souci’ comm' d'un' cerise
De celle de soixante-dix ?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit,
Mais, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !

La guerre de 1870

Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs épé’s dans l'eau,
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux…
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, j'les félicit',
Mais, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !

La bataille des Thermopyles

Les guerres napoléoniennes

Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'a pas tout à fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais en mon sens, ell' ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !

La deuxième guerre mondiale

Mon but n'est pas de chercher noise
Aux guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérit',
Mais, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !

La Guerre d'Algérie ("guerre sans nom")
Les autres

Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une – un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant, je persévère
A dir' que ma guerr' favorit'
Cell', mon colon, que j'voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !

Les prochaines
(et c’est vrai qu’en ce moment, il y a de l’originalité)

 

***********

 

C'est l'endroit, naturellement, pour partager ces deux photos trouvées sur ce site consacré à Reims (51) pendant la grande guerre et dont la page correspond peu ou prou à celle que vous lisez à présent..

 

brassens1

brassens2

 

***********

 

Dans le document ci-dessous, il répond aux critiques à l’occasion d’un numéro de Question de temps (18 décemnre 1978) présenté par Jean-Pierre Elkabbach. La première intervention de Jean-Pierre Elkabbach (né en 1937) est assez étonnante. Je me demande à quelle chanson de Brassens il réagissait. Il continue de sévir aujourd'hui sur Europe 1.

 

Transcription

Elkabbach – Je voulais simplement vous dire Georges Brassens toute l’émotion et l’impression forte de mes confrères journalistes d’Antenne 2 qui sont très heureux que vous ayez passé cette soirée de la paix avec nous sans grands mots.

Brassens – Merci.

Elkabbach – Simplement je voulais vous dire aussi que les journalistes n’ont pas pour mission d’avoir à trouver les solutions, il y a des hommes politiques, des hommes d’État pour ça.

Brassens – Je sais bien que trouver des solutions, surtout collectives, c’est très difficile.

Elkabbach – Oui. Nous, simplement à travers vous, à travers ceux qui ont participé, qui participent encore à cette émission avec Raymond Devos, nous voulons faire passer peut-être un message d’amitié et de lucidité.

Brassens – Il nous reste toujours un peu d’amitié heureusement.

Elkabbach – C’est vous qui avez dit un jour « que les grognards de Bonaparte / [ne jetaient] pas leur poudre aux moineaux… ».

Brassens – Oui, dans la Guerre de 14-18, qui m’a valu d’ailleurs pas mal de critiques, et qui m’en vaudra encore.

Elkabbach – Parce qu’on l’avait peut-être pas tellement compris.

Brassens – Je crois qu’on ne l’a pas tellement compris, enfin ceux qui savent, comme dit l’autre (1), le devinent parce qu’ils sentent que je n’ai jamais eu l’intention dans cette chanson de tourner en dérision les pauvres soldats qui étaient mort à la guerre de 14, ni leurs parents, ni leurs veuves, ni leurs enfants… ça saute aux oreilles.

Elkabbach – Pour vous c’était une chanson plus pacifique.

Brassens – Il me semble que ça suggère « vive la paix », cette chanson. Mais enfin, vous savez… Tout le monde ne sent pas tout….

Elkabbach – … ne comprend pas toujours les mêmes choses comme dirait, en écoutant…

Brassens – Même à moi il m’arrive d’écouter… alors que je leur reproche de ne pas avoir compris, il m’arrive souvent de ne pas comprendre des tas de choses parce qu’on écoute souvent d’une oreille distraite.

Elkabbach – Enfin, ceux qui…

Brassens – Mais, j’insiste bien, je ne veux pas me défendre, bien sûr. Je l’ai écrite cette chanson, elle me plaît beaucoup, mais c’était pour rire. Et déjà à Sète (34) qui était à ce moment-là la province assez éloignée de Paris, on disait : « t’as pas fait la guerre de 14, dépêche-toi de la faire. » Finalement, j’ai joué là-dessus, quoi. Mais je n’ai jamais eu l’intention d’insulter ceux qui ont fait la guerre de 14 et surtout ceux qui sont morts.

Elkabbach – Je pense que la plupart l’avaient compris.

 

 

(1) "L’autre", c’est Charles Baudelaire (1821-1867) dont Georges Brassens cite l’extrait d’un projet de préface à la deuxième édition des Fleurs du mal.

 

charles_baudelaire_les_fleurs_du_mal

PROJETS D’UNE PRÉFACE

POUR LA SECONDE ÉDITION DES FLEURS DU MAL

[Première version.]

Ce n’est pas pour mes femmes, mes filles ou mes sœurs que ce livre a été écrit ; non plus que pour les femmes, les filles ou les sœurs de mon voisin. Je laisse cette fonction à ceux qui ont intérêt à confondre les bonnes actions avec le beau langage.

Je sais que l’amant passionné du beau style s’expose à la haine des multitudes ; mais aucun respect humain, aucune fausse pudeur, aucune coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront à parler le patois incomparable de ce siècle, ni à confondre l’encre avec la vertu.

Des poètes illustres s’étaient partagé depuis longtemps les provinces les plus fleuries du domaine poétique. Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire la beauté du Mal. Ce livre, essentiellement inutile et absolument innocent, n’a pas été fait dans un autre but que de me divertir et d’exercer mon goût passionné de l’obstacle.

Quelques-uns m’ont dit que ces poésies pouvaient faire du mal ; je ne m’en suis pas réjoui. D’autres, de bonnes âmes, qu’elles pouvaient faire du bien ; et cela ne m’a pas affligé. La crainte des uns et l’espérance des autres m’ont également étonné, et n’ont servi qu’à me prouver une fois de plus que ce siècle avait désappris toutes les notions classiques relatives à la littérature.

Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l’homme, je n’aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du progrès. Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n’entamerait pas.

J’avais primitivement l’intention de répondre à de nombreuses critiques, et, en même temps, d’expliquer quelques questions très simples, totalement obscurcies par la lumière moderne : Qu’est-ce que la poésie ? Quel est son but ? De la distinction du Bien d’avec le Beau ; de la Beauté dans le Mal ; que le rythme et la rime répondent dans l’homme aux immortels besoins de monotonie, de symétrie et de surprise ; de l’adaptation du style au sujet ; de la vanité et du danger de l’inspiration, etc., etc. ; mais j’ai eu l’imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques ; soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s’est abattue sur moi, et je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Ceux qui savent me devinent, et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas me comprendre, j’amoncellerais sans fruit les explications.

C. B.

 

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