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Les Caves du Majestic
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17 avril 2016

Quelques notes sur la Syldavie, les grands reporters, la ligne claire et les Balkans

Très fugacement, dans Bancs Publics (Versailles rive droite), le personnage de Bernard Campan mentionne la Syldavie parmi les pays qui ont récemment été touchés par la guerre, où ont été envoyés "nos soldats", les soldats français.

 

campan 1

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Ce pays fictif est souvent cité dans l’œuvre de Bruno Podalydès par ailleurs tintinophile notoire.

(Oui, il était sans doute inutile de poster autant de photogrammes mais la séquence est tellement fugace !)

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Cela nous donne l’occasion d’évoquer les Balkans comme théâtre de fictions. Ce ne sont que quelques pistes.

 

La référence la plus célèbre à l'univers d'Hergé (Georges Rémi, 1907-1983, le créateur de Tintin) se trouve dans Dieu seul me voit (Versailles Chantier) (1998) le deuxième épisode de la trilogie versaillaise de Bruno Podalydès.

 

dieu-seul-me-voit-1998-02-g

Albert Jeanjean (Denis Podalydès) emmène Anna Festival (Jeanne Balibar) manger dans un restaurant Syldave qui ressemble fort à celui du Sceptre d’Ottokar, album de Tintin.

 

serveursyldave

 

 

Le Sceptre d’Ottokar (1947 pour la version en album) raconte la première incursion de Tintin en Syldavie. C’est aussi le moment où se met en place tout un dispositif visant à rendre crédible ce pays fictif ainsi que son voisin la Bordurie.

 

tintinactuel08_22012004

 

Les éléments qui composent la Syldavie sont multiples. On en retrouve les syllabes dans la Transylvanie et la Moldavie, par exemple.

La devise syldave Eih bennek, eih blavek (qui s'y frotte s'y pique) est forgé sur le néerlandais Hier ben ik, hier blijf ik (j'y suis, j'y reste).

 

Armoiries_syldavie_modernes

Image trouvée ici.

La Syldavie est un pays imaginaire inspiré des pays de l’Europe orientale. On y trouve des éléments qui peuvent se référer à la Tchéquie, la Pologne et bien entendu aux Balkans. On peut lire par exemple dans une brochure touristique qui figure dans le Sceptre d'Ottokar que la Syldavie a été occupée par les Turcs.

 

Nikola Petrović-Njegoš, architecte parisien et surtout prince héritier de la couronne du Monténégro donne son avis sur la question dans un entretien diffusé le 7 mars 2014 sur France Inter, dans La marche de l’histoire, une émission de Jean Lebrun.

Yves Hamet et Nikola Petrović-Njegoš

L'image vient d'ici.

On ne peut pas télécharger cette émission, mais on peut encore l'écouter jusqu'au 30 novembre 2016 en suivant ce lien.

Jean Lebrun – Quand je dis l’histoire artistique, c’est parce que vous maintenez que la Syldavie, dans Tintin, c’est le Monténégro.

le prince Nikola Petrović-Njegoš – Oui, j’ai des raisons familiales de soutenir cette idée-là, parce que bon il y a beaucoup d’interprétations, c’est que la mère d’Hergé a été au service des comtes de Dutzel [Dudzeel], des comtes belges dont le père avait été ambassadeur à Belgrade, d’ailleurs, de Belgique à Belgrade et dont un fils avait épousé ma grand-mère, Natalija Konstantinović. Ça veut dire que dans sa jeunesse, Hergé a beaucoup entendu parler des histoires entre Serbie et Monténégro, et donc, bon, je pense que dans son esprit, Bordurie, c'était Serbie et Syldavie, c'était Monténégro.

 

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Tintin est une déclinaison du reporter/aventurier comme l’a été avant Rouletabille, un personnage créé par Gaston Leroux (1868-1927) et dont les premiers volumes ont d'ailleurs été adaptés au cinéma par Bruno Podalydès, avec une esthétique mâtinée de Tintin.

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Rouletabille et Denis Podalydès, l'une de ses incarnations au cinéma.

Gaston Leroux  Albert LondresPetite

 

Ces figures semblent indissociables de figures réelles comme celle d’Albert Londres (1884-1932) qui a également parcouru le monde et dont on peut lire à la médiathèque parmi d’autres titres un reportage sur les Comitadjis. On avait entendu ce mot dans Cat People de Jacques Tourneur.

 

Comitadjis_Londres

 

Cet ultime reportage d'Albert Londres relate son passage dans les Balkans. Il y présente son enquête sur les mécanismes du terrorisme des Comitadjis, des nationalistes macédoniens qui contestent la division de leur territoire entre la Bulgarie, la Serbie et la Grèce.

 

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Un récent avatar consiste en Tamo (1998), le troisième et dernier volume des aventures d’Aleksis Strogonov de Michel Regnaud et Émile Bravo.

 

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L’histoire se situe dans une petite république des Balkans dont on ne connaîtra jamais le nom mais qui peut évoquer la macédoine, le sud de la Serbie, l’est de la Bulgarie. L’un des personnages principaux s’appelle Gorana.

Émile Bravo se situe dans la tradition la plus pure de ce qu’on appelle la ligne claire dont on dit qu’Hergé est le représentant le plus important.

Quoi que non centrale, la figure du grand reporter y est présente avec le personnage de Robert Paris (nom inspiré, s'il fallait le souligner, de celui d'Albert Londres), reporter au World Report. On a affaire ici à une satire du journalisme.

 

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  • Un peu de culture francophone (surtout française). Rien n’est incompréhensible pour des étudiants curieux, même si « on ne l’a ni lu, ni vu, tant qu’on en a entendu parler » (Cavanna). Bonne visite ! Des lecteurs en Serbie
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