Avec cette série de poèmes français interprétés par des artistes de l’espace (ex-)yougoslave, nous souhaitons à la fois évoquer des poètes et explorer une scène relativement inconnue de nous. Nous avons relevé près de trente adaptations ou évocations dont certaines sont des bijoux.
N’hésitez pas à suggérer des titres. On les intègrera avec plaisir dans ce cycle.
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Charles Baudelaire (1821-1867) fait son entrée dans ce cycle avec les Plaintes d'un Icare. On le retrouvera.
Ce poème, d'abord publié en 1862, fut ajouté avec d'autres à l'édition des Fleurs du Mal dite de 1868. La première édition, censurée, datait de 1857.
Outre Villon et Prešeren, le groupe folk Sedmina (voir note précédente) s'est donc intéressé à un poème de Baudelaire.
La traduction est due cette fois-ci à Jože Udovič (1912-1986).
Ajoutée le 21 décembre 2014 par Slovenska ljudska glasba
(Charles Baudelaire - traduction de Jože Udovič - Veno Dolenc - [noms illisibles])
Ikarova tožba
Ljubimci lahkih deklet
so siti in srečno žive;
jaz sem si zlomil roke,
ker šel sem oblake objet.
Zaradi zvezd neizmernih,
žarečih na vrhu neba,
v trudnih očeh bleščijo iz dna
le spomini sonc stoterih.
Zaman je odkrival moj čut
prostoru središče in meje;
pod žgočim očesom, ki greje,
se lomi krhka perut.
Od želje po lepem sežgan,
ne bom žarel v časti edini,
da svoje ime bi dal globini
brezna, ki bom v njem pokopan.
Les plaintes d'un Icare
Les amants des prostituées
Sont heureux, dispos et repus ;
Quant à moi, mes bras sont rompus
Pour avoir étreint des nuées.
C'est grâce aux astres nonpareils,
Qui tout au fond du ciel flamboient,
Que mes yeux consumés ne voient
Que des souvenirs de soleils.
En vain j'ai voulu de l'espace
Trouver la fin et le milieu ;
Sous je ne sais quel oeil de feu
Je sens mon aile qui se casse ;
Et brûlé par l'amour du beau,
Je n'aurai pas l'honneur sublime
De donner mon nom à l'abîme
Qui me servira de tombeau.
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(Quant à la musique, le violon fait penser à While my guitar gently weeps de George Harisson et les Beatles.)