(16) 'Fiesta' de Jacques Prévert, par Stijene (1984)
Avec cette série de poèmes français interprétés par des artistes de l’espace (ex-)yougoslave, nous souhaitons à la fois évoquer des poètes et explorer une scène relativement inconnue de nous. Nous avons relevé près de trente adaptations ou évocations dont certaines sont des bijoux.
N’hésitez pas à suggérer des titres. On les intègrera avec plaisir dans ce cycle.
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Dernier nouveau poème de Jacques Prévert (1900-1977) dans ce cycle, Fiesta a paru (comme Adrien) dans le recueil Histoires (1946).
Fiesta
Et les verres étaient vides
et la bouteille brisée
Et le lit était grand ouvert
et la porte fermée
Et toutes les étoiles de verre
du bonheur et de la beauté
resplendissaient dans la poussière
de la chambre mal balayée
Et j’étais ivre mort
et j’étais feu de joie
et toi ivre vivante
toute nue dans mes bras
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Cette interprétation figure sur Balkanska Corrida (1984), le troisième album de Stijene (fondé à la fin des années 70 à Klis, du côté de Split).
Comme le groupe eut de nombreuses interprètes, il est difficile d'identifier celle-ci. Un best of paru en 1995 ne reprend qu'une seule chanson de cet album, Balkanska Korrida, et la chanteuse créditée est Vesna Ivić. Comme cette chanson est chantée et Fiesta, parlé, le doute subsiste.
Publié le 12 janvier 2012 par hikonline82
La traduction de ce poème en serbo-croate est due à Nikola Trajković (1896-1989, à Belgrade). Le traducteur étant belgradois, il semble que ce groupe, originaire de Split, ait procédé à quelques légères adaptations en iékavien / jekavski.
Dans un texte de Milovan Vitezović (né en 1944) paru en feuilleton sur Novosti, on trouve cette petite entrevue à la terrasse d'un café entre Jacques Prévert et Miodrag Bulatović (1930-1991) à propos de Nikola Trajković.
Žak Prever je obrazložio svoju poetiku psovke: "Ljutim se na srpskog prevodioca... Ko je taj Nikola Trajković?... On zna neki umiljati francuski jezik... Znate li ga?"
"Znam ga. On francuski govori kao životinja. Učio je na Lafontenu", kazao je Miodrag Bulatović, razveselivši Prevera.
Il semble que ce texte soit extrait de Bu(le)rleska u Parizu (2002) consacré à Bulatović.
(Jacques Prévert – traduction Nikola Trajković – Marin 'Mišo' Limić)
Čaše su bile prazne
i boce polupane
Postelja je bila razmiještena
i vrata zaključana
I sve zvijezde od stakla
sreće i lijepote
blistale su u prašini sobe
loše počišćene
A ti si bio mrtav pijan
i lud od radosti
a ja, ja naživa
i sasvim naga u tvojim vrelim rukama.
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Comme à notre habitude, nous soumettons à votre critique la traduction de Radivoje Konstantinović. On verra que celle-ci lui prête le flanc.
Prazne su bile čaše
i polupane flaše
Postelja razmeštena
Vrata zamandaljena
I sve zvezde staklene
zvezde sreće lepote
sjale su u prašini
sobe nepometene
Bio sam mrtav pijan
ko vatromet razdragan [sic]
a ti živa pijana
u mom naručju naga.