Capitaine Conan - Bertrand Tavernier (1996), Roger Vercel (1934)
Capitaine Conan de Bertrand Tavernier (né en 1941) nous donnera l'occasion de voyager dans le temps (l'immédiate après-guerre, en 1919) et l'espace (un peu de Bretagne et beaucoup de la Roumanie).
Au sommaire de cette note :
- le synopsis (comme les fois précédentes) et la bande-annonce (de la même manière que les occurrences d'avant);
- une petite présentation de l'histoire éditoriale du roman.
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Synopsis trouvé sur le site d'IFCinéma
Dans les Balkans, en novembre 1918, la victoire des alliés se précise. Le travail de Conan n'y est pas pour rien : en tuant un homme, il parvient à loger la peur dans le crâne de dix mille autres. La guerre achevée, ces hommes doivent laisser leurs souvenirs de tueurs et d'assassins. L'ennui, c'est que l'âme des guerriers ne se déshabitue pas dans le même temps des exaltations du combat.
Capitaine Conan - Bande Annonce postée par hennebert sur Vimeo.
Transcription
Capitaine Conan – Tuer un type dans le tas quand toute la troupe appuie sur la gâchette, n'importe quel type peut faire ça. Les bombes, les canons, les mitrailleuses, la mort à l'aveuglette, n'importe qui peut. Nous, on y allait au couteau, on y voyait le blanc de l'œil, au frère, et on le crevait, et on se l'ai tapée, à tes trois mille types. Et c'est nous qui te l'avons gagnée, cette putain de guerre, nous, les trois mille.
L'armée française, avec l'aide de ses alliés, a consommé la défaite de l'ennemi.
Commandant Bouvier – En attendant, nous sommes dans un pays ami, allié, alors pas de provocation, pas de rixe, pas de beuverie et pas de pillage.
Capitaine Conan – Mais enfin, si ça les gratte tellement qu'on touche à leur moukères fallait pas nous appeler au secours! Maintenant, je suis là, elles sont là, je me sers.
Norbert – Et si elle est morte ? L'artilleur flanchera, il les dénoncera, j'aurai des preuves.
Capitaine Conan – Mes gars, je leur ai appris à pas se faire tuer, à pas se faire baiser par le premier couillon venu dans ton genre.
Norbert – Ils ont déconné, tu le sais, ils doivent payer.
Capitaine Conan – Et mes gars, que j'ai pour la plupart choisi en tôle, ou chez les préventionnés, ce qu'ils ont fait, et les endroits où ils sont allés le faire, j'en connais pas beaucoup qui les auraient suivis, pas beaucoup.
Norbert – Tu préfères tes voyous, hein. Ce qui est à toi est à moi, hein. Plus de loi, plus de morale.
Capitaine Conan – Mes gars, c'est pas des soldats, c'est des guerriers. Tu leur a crié depuis 14 « bien tuer, bien zigouiller, continue, tu m'intéresses. » Maintenant que t'en as plus besoin pour te planquer derrière, t'as toute une ménagerie de pantin qui se donne des droits. Deviens pas flic, Norbert, deviens pas flic.
On reconnaîtra dans la bande-annonce :
- Philippe Torreton
- Samuel Le Bihan
- François Berléand
- Bernard Le Coq
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Roger Vercel (1894-1957), né au Mans (72) s'est établi à Dinan (22), en Bretagne, une région qui lui a inspiré beaucoup de roman dont de nombreux maritimes.
Cette photo de Roger Vercel datant de 1914 vient du site du Lectorat de Français de l'Université de Bucarest.
Capitaine Conan met en scène un personnage breton. Son nom, assez répandu dans la région, fut porté par un roi légendaire et plusieurs ducs de Bretagne.
Le destin éditorial de ce roman (entre gloire et oubli) permet peut-être de rappeler que le monde de l'édition peut osciller entre passion et opportunisme.
Ce cinquième roman de Roger Vercel, publié chez Albin Michel, il obtient le prix Goncourt en 1934.
Le roman a immédiatement été traduit en 1935 en anglais (l'illustration est celle d'une édition plus récente).
Il est l'un des premiers romans (le 9ème) à entrer dans la collection du livre de poche créée en 1953.
Le lancement de cette collection, la première à mettre à la disposition du grand public une littérature à un prix modique, est un événement.
Bien que Capitaine Conan ait toujours figuré au catalogue du Livre de Poche, à l'instar de ceux de Pierre Benoît ou A.J. Cronin, les livres de cet auteur sont peu à peu tombés en désuétude jusqu'au moment de l'adaptation de ce film par Bertrand Tavernier.
Il fait aujourd'hui partie de la bibliographie de base des romans sur la grande guerre ainsi que l'atteste ce site mis en place pour le « centenaire » ; http://centenaire.org/fr/romans (On trouvera sur ce même site une conversation intéressante avec Bertrand Tavernier.)
Enfin, il figure également dans une anthologie de textes (« romans, nouvelles, reportages ») traitant des guerres dans les Balkans « à l'aube du XXe siècle ». Cette anthologie publiée par Omnibus a paru en 2004.
Aujourd'hui, en cette longue période de commémoration, le roman poursuit sa carrière au livre de poche.
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Concluons en mentionnant quelques sites :
- Le site Mission Centenaire 14-18, qui centralise beaucoup de documentations et de parcours pédagogiques.
Ce lien renvoie aux résultats d'une recherche ayant pour mot clé "Conan". - Le site du Lectorat de Français de l'Université de Bucarest qui rend compte d'une exposition montée en 2014 dont le but a été d'éclairer ce roman.
- Un article en anglais de John Cerullo sur le roman de Roger Vercel et sur le film de Bertrand Tavernier.
- La programmation du cycle intitulé "Le Cinéma et La Grande Guerre" organisée par la Cinémathèque française et ayant eu lieu du 26 mars au 1er décembre 2014.
Elle constitue une source importante de pistes à explorer. On lira avec intérêt la présentation de Laurent Véray, chercheur universitaire à l'université de Paris III.