Canalblog Tous les blogs
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Les Caves du Majestic
Publicité
Les Caves du Majestic
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 954 947
23 octobre 2012

Les Centre Leclerc - Edouard Leclerc

logo leclercAprès Auchan, évoquons Leclerc, un autre géant français de la grande distribution dont le fondateur, Édouard Leclerc, est mort le mois dernier.

Le reportage ci-dessous (diffusé le 25/11/1959)  révèle une certaine confusion entre des problèmes économiques réels et des solutions assez discutables a posteriori.

P.-L. Soulier - Voir baisser le prix de la vie, voilà aujourd’hui le grand souci des Français. On y pense, va-t-on y arriver ? C’est une histoire qui a fait du bruit à Landerneau (29) d’abord, quand un certain Leclerc a ouvert dans un garage désaffecté un centre de détail où il vendait au prix de gros des articles achetés directement aux fabricants. C’était supprimer au profit du consommateur la cascade de marges au bénéficiaire qui mènent d’intermédiaire en intermédiaire jusqu’à la boutique de l’épicier. L’idée a fait son chemin. La preuve : madame Leclerc ouvre chaque jour cinq cents lettres, ou de louanges, ou d’insultes.

Et le succès a suivi. À Issy-les-Moulineaux (92), un certain tumulte a accueilli l’ouverture d’un premier centre Leclerc. Aujourd’hui on doit canaliser la foule des clients désireux de bénéficier des avantages [...] qui groupe à l’heure actuelle 1500 articles. Si Leclerc, que l’on voit ici, peut accroître le nombre des grossistes-adhérents, la quantité des articles mis en vente augmentera en proportion. Du même coup, cette audace a fait tâche d’huile. Une compagne des prix choc s’est amorcée à l’échelle des détaillants.

P.-L. Soulier - Monsieur Bonnet, vous participez je crois à l’opération anti-hausse en accord avec le gouvernement.
M. Bonnet - En effet, monsieur, oui, nous participons à la campagne anti-hausse malgré les sacrifices que cela nous impose et malgré le handicap certain que nous avons face à certaines formes de distribution, on a décidé de participer effectivement à cette baisse de prix.
P.-L. Soulier - Et êtes-vous nombreux à participer à cette baisse ?
M. Bonnet - Sur le plan national nous sommes 120 000 magasins.
P.-L. Soulier - Pouvez-vous nous donner quelques exemples précis de denrées touchés par cette baisse.
M. Bonnet - Cette baisse porte en principe sur une cinquantaine d’articles dont notamment ces nouilles pâtes que nous vendions 102 francs le paquet de 500 grammes, qui est vendu aujourd’hui 92 francs. Le paquet de café que nous vendions normalement 205 francs et qui est vendu aujourd’hui 188 francs.

P.-L. Soulier - Verra-t-on cette foix le prix de la vie en baisse ? On commence à le croire.

 

- Bonus - Un reportage diffusé dans 5 colonne à la une le 4/12/1959 (une semaine plus tard)

L'épicier de Landerneau.

Desgraupes - Le guide Michelin dit : « Landerneau, chef-lieu de canton, finistère, 10 445 habitants. » D'autres guides, je suppose, ne manquent pas de dire aussi la douceur du ciel breton, lorsque le soir tombe sur la rivière Élorn. Mais aucun guide sûrement ne dit ce qui m'avait fait venir pour vous à Landerneau, le voici : « Landerneau, 10445 habitants, 40 épiciers, capitale de l'expérience Leclerc. » Depuis huit ans qu’Édouard Leclerc a ouvert ici son premier magasin, la vie a baissé. Aujourd'hui, Landerneau est devenu, pour les forces adverses de l'épicier, quelque chose comme la guerre d'Espagne pour les puissances mondiales en 36 : un terrain d'expérience. Soyez sûrs que ces femmes qui parlent au coin de la rue n'ont que deux sujets de conversation : la baisse et Leclerc. Et le petit hangar qui sert d'épicerie à Édouard Leclerc est en passe de devenir un des haut-lieux de l'actualité. C'est là que, correspondant de guerre objectif, je suis allé poser, à Édouard Leclerc d'abord, ma première question.

Desgraupes -  Édouard Leclerc, le public a tellement peu l'habitude de voir un commerçant s'attaquer au problème de la vie chère que pour lui ce commerçant est suspect. On m'a dit, ici, à plusieurs reprises, que vous êtiez aidé, je ne sais pas par qui, pouvez-vous me le dire ?
Édouard Leclerc - Je ne suis aidé par personne, sinon par ma femme. Il y a eu des moments dans ma vie, surtout dans cette expérience, des moments de dépression, de très grandes dépressions, car lorsqu'on revoit le passé, je pense à des moments où devant cette résistance des commerçants et de tous ceux qui ne voulaient pas comprendre, j'ai hésité à poursuivre ce que j'avais commencé.
Desgraupes - Vous avez été parfois sur le point d'abandonner ?
Édouard Leclerc - Oui.
Desgraupes - On dit aussi que, si vous n'êtes pas aidé financièrement, vous l'êtes fiscalement. Avez-vous un régime fiscal particulier ?
Édouard Leclerc - J'ai le même régime fiscal que les grands magasins, que les Monoprix, ou qu'un grossiste. Il n'y a aucune différence entre moi et eux.
Desgraupes - Vous avez déclaré, on l'a lu dans la presse, que vous aviez débuté avec un billet de 5000 francs en poche [100 dinars d'aujourd'hui].
Édouard Leclerc - Il est exact mais en réalité, j'avais quand même pour moi le passé d'un père qui était respecté dans toute la région et si l'on m'a fait confiance, c'est pour lui, et non pour le fils.
Desgraupes - Édouard Leclerc, vous, personnellement, quelle est votre ambition ? Ça n'est pas l'argent ? C'est quoi ? La puissance ?
Édouard Leclerc - Quittant le séminaire, on a toujours l'impression pour ceux qui ont quitté le séminaire de trahir son passé. Et on sent le besoin de se racheter, de vouloir faire quelque chose pour calmer certaines inquiétudes personnelles.
Desgraupes - Vous pensez par conséquent que si vous n'aviez jamais été séminariste, Édouard Leclerc, cette énorme aventure qui a lieu aujourd'hui, les chaînes Leclerc, n'aurait peut-être pas eu lieu.
Édouard Leclerc - Elle n'aurait jamais eu lieu.
Desgraupes - Les détaillants que j'ai vus ici, les petits épiciers de votre ville m'ont dit que même s'ils souhaitaient faire la même expérience que vous, ils n'en seraient pas capables, qu'ils ne pourraient pas le faire matériellement. Qu'en pensez-vous ?
Édouard Leclerc - Il y a plusieurs façons de vouloir. Car si on attend que ça vous tombe du ciel sans effort, rien ne se fera. Pour qu'ils puissent le faire, il faut tout d'abord qu'ils s'arrangent entre eux et qu'ils achètent ensemble, mais non seulement qu'ils achètent ensemble, mais qu'ils vendent au consommateur en faisant la différence qu'ils peuvent bénéficier en achetant en communauté. Et de cette façon là, ils augmenteront leur vente.
Desgraupes - Lorsque vous avez commencé cette expérience ici, à Landerneau, pensiez-vous qu'elle dépasserait les limites de Landerneau ?
Édouard Leclerc - Certainement.
Desgraupes - Vous le pensiez ?
Édouard Leclerc - Mais je ne pensais que ça aille si vite.
Desgraupes - Et vous ne pensez pas qu'un jour justement, le succès de cette expérience s'il se confirme vous amènera à quitter ce cadre provincial qui est le vôtre ? Vous ne pensez pas quitter Landerneau ?
Édouard Leclerc - Non, je ne le pense pas, quitter la province, parce que la vie de Paris, pour moi, ne me dit rien.
Desgraupes - Vous avez des enfants.
Édouard Leclerc - J'ai des enfants et je ne tiens nullement à quitter cette ville de Landerneau.
Desgraupes - Et vous pensez que vous laisserez à vos enfants quoi, en fait d'affaire ?
Édouard Leclerc - Ça n'a aucune importance, moi je ne crois plus à la fortune.

4'50

Desgraupes - La maison d'Édouard Leclerc est toute blanche. Une vierge bretonne découverte un dimanche au cours d'une de ses promenades à la campagne veille sur son foyer, madame Leclerc et ses trois enfants.

Desgraupes - Madame Leclerc, je crois qu'entre Édouard Leclerc et vous, tout a commencé par une histoire de biscuit.
Mme Leclerc - Oui, l'une des premières fois que j'ai rencontré mon mari il m'a... c'était pour me proposer des biscuits au prix de gros. C'était au tout début dans l'épicerie et j'ai été donc [...] une de ses premières clientes avant de penser me marier avec lui.
Desgraupes - Est-ce que vous poussez votre mari, comme on dit ?
Mme Leclerc -Non je ne le pense pas.
Desgraupes - Vous ne croyez pas.
Mme Leclerc -Non.
Desgraupes - Pensez-vous que si vous disparaissiez, de ses affaires j'entends...
Mme Leclerc -Oui ?
Desgraupes -... vous lui manqueriez ?
Mme Leclerc -Oui, je crois très sincèrement, parce que nous avons au point de vue affaire des personnalités qui se complètent, lui a des idées très larges, très grandes, mais il ne s'occupe pas de détail, ça l'agace prodigieusement, s'occuper de sécurité sociale, etc., comptabilité, et c'est mon rôle dans l'affaire.
Desgraupes - Comment voyez-vous votre mari ? Qui est-il pour vous ?
Mme Leclerc -Je le vois comme un homme ayant une très forte personnalité...
Desgraupes - Vous le voyez comme un homme d'affaire ou comme un réformateur ?
Mme Leclerc -Je le vois comme un homme d'affaire dans le sens qu'il est très bon acheteur, qu'il a une très forte intuition, mais je ne le vois pas comme un homme d'affaire dans le sens de ramasseur d'argent, l'argent est pour lui un outil de travail.
Desgraupes - Vous ne le voyez pas comme un spéculateur.
Mme Leclerc -Non, 'du tout.

6’20’’

Desgraupes - J'ai descendu la rue où des tracts jetés dans le caniveau rappellent qu'à Landerneau la guerre civile est au pied de la lettre une guerre fratricide. Paul Leclerc, en effet, le propre frère d'Édouard, a ouvert non loin de là une épicerie concurrente baptisée VDC : Vente Distribution Commerciale. Mon arrivée n'est pas passé inaperçue. Paul Leclerc était derrière son comptoir à côté de sa femme vendeuse transfuge de chez Édouard.

Desgraupes - Combien avez-vous de frères et de sœurs, Paul Leclerc ?
Paul Leclerc - Eh bien il y a en tout 13 enfants dans la famille qui sont vivants, donc deux qui sont morts, ce qui fait quinze, et nous sommes neuf frères vivants et quatre sœurs vivantes, il y a un garçon et une fille qui manquent.
Desgraupes - Et combien avez-vous de frères ou de sœurs dans les ordres.
Paul Leclerc -Dans les ordres, j'ai exactement quatre frères et une sœur.
Desgraupes - Quatre frères et une sœur qui sont religieux.
Paul Leclerc -Qui sont religieux.
Desgraupes - Oui. Édouard lui-même a été...
Paul Leclerc -Édouard comme moi a été séminariste.
Desgraupes - Et vous avez été vous dans un ordre également ?
Paul Leclerc -Oui, j'ai été chez les Franciscains pendant neuf ans.
Desgraupes - Pendant neuf ans. Et pourquoi avez-vous quitté le couvent ?
Paul Leclerc -Eh bien parce que j'ai trouvé qu'il était plus agréable de vivre avec une petite femme.
Desgraupes - Bon. Vous faites dire ou vous laissez dire dans Landerneau que vous êtes en mesure, que vous êtes capable de vendre moins cher qu'Édouard Leclerc, votre frère.
Paul Leclerc -Oui.
Desgraupes - Vous pensez que votre frère vend encore trop cher.
Paul Leclerc -Il vend même beaucoup trop cher. Parce que, Édouard dit qu'il prend 9% l'autre jour j'étais à écouter la radio, et il disait qu'il prend 9%. Or, je connais ses prix qu'il achète, et je connais ses prix de vente. Et c'est ainsi que je dis qu’un paquet de biscuit qu'il paye 112 francs, il le vend 136 francs. Et une tablette de chocolat, au lait, et noisette, qu'il vend 116 francs, il paye 98 francs. Un paquet de lessive qu'il vend 100 francs, qui est en réclame, si vous voulez, ben il le paie 81 francs. Si on fait le compte, eh bien, il prend jusqu'à 20% de bénéfice.

8’20’’

Desgraupes - Mais pour que le dossier que je vous présente soit complet j'ai voulu voir aussi un de ces quarante petits épiciers que, à LAnderneau plus qu'ailleurs, l'offensive Leclerc rend inquiet. Ils s'appellent monsieur et madame Le Fourn, je les ai trouvés à table dans l'arrière-boutique à l'heure où la clochette du magasin ne tinte plus que rarement.

Desgraupes - Quel âge avez-vous exactement monsieur Le Fourn ?
M. Le Fourn - 46 ans.
Desgraupes - Je ne demande pas l'âge de madame Le Fourn, vous êtes depuis combien de temps, depuis combien d'année dans l'épicerie ?
M. Le Fourn - Quinze ans.
Desgraupes - Quinze ans ? madame Le Fourn aussi ?
Mme Le Fourn - Oui, depuis mes douze ans.
Desgraupes - Ah bien avant alors.
Mme Le Fourn - Bien avant, oui.
Desgraupes - Vous avez grandi dans l'épicerie, vos parents étaient épiciers ?
Mme Le Fourn - Épiciers-fruitiers.
Desgraupes - Vous connaissez bien votre métier.
Mme Le Fourn - Oui monsieur.
Desgraupes - Combien avez-vous d'enfants ?
Mme Le Fourn - Sept.
Desgraupes - Sept enfants. Et en dehors de la pièce où nous nous trouvons ici, qui est votre cuisine, où vous vivez pratiquement, qui vous sert aussi d'arrière-boutique, combien avez-vous de pièces dans votre logement ?
Mme Le Fourn - Quatre pièces.
Desgraupes - Quatre pièces pour sept enfants. Je vais vous poser une question qui peut vous paraître indiscrète, je vais vous demander d'y répondre sincèrement parce que je crois que c'est la sincérité qui paie dans ce cas-là, combien gagnez-vous par an à peu près ?
M. Le Fourn - 8 à 900 000 par an.
Desgraupes - C'est-à-dire, à peu près, 70 000 francs par mois.
M. Le Fourn - Environ, plus les allocations familiales.
Desgraupes - Et pour arriver à ce résultat, vous travaillez tous les deux.
M. Le Fourn - Oui.
Desgraupes - Ça correspond donc à un salaire de 35 à 40 000 francs chacun.
M. Le Fourn - Oui.
Mme Le Fourn - Oui.
Desgraupes - Est-ce que vous avez une voiture personnelle ?
M. Le Fourn - Oui, j’ai une camionnette.
Desgraupes - Une camionnette pour votre travail.
M. Le Fourn - Pour mon travail oui.
Desgraupes - Et vous n'avez pas de voiture de tourisme pour aller en vacances.
M. Le Fourn - Non.
Desgraupes - Quand vous partez en vacances, vous partez dans votre camionnette ?
M. Le Fourn - Toujours dans la même.
Desgraupes - Est-ce qu'elle est payée, votre camionnette ?
M. Le Fourn - Pas tout à fait.
Desgraupes - Monsieur Le Fourn, vous savez qu'on parle beaucoup de votre métier en ce moment, du métier d'épicier. Et en particulier on en parle beaucoup ici dans cette ville, à Landerneau, où a commencé l'expérience Leclerc. Est-ce que vous pensez, d'une façon ou de l'autre, que votre métier tel que vous le pratiquez aujourd'hui est devenu, disons, un peu dépassé, démodé ?
M. Le Fourn - Légèrement.
Desgraupes - Oui. Pourquoi ?
M. Le Fourn - Parce que le système Leclerc nous oblige à baisser nos prix, et que nous ne voulons pas baisser parce qu'il nous est impossible de les baisser.
Desgraupes - Pourquoi vous est-il impossible de faire ce que fait monsieur Leclerc ?
M. Le Fourn - Parce que nous ne touchons pas la marchandise au même prix.
Desgraupes - Pour quelle raison ?
M. Le Fourn -... [un signe de main]
Desgraupes - Vous voulez dire que vous ne savez pas pour quelle raison ?
M. Le Fourn - Oh, je m'en doute, m'enfin, je sais que monsieur Leclerc touche la marchandise moins cher que nous et qu'en plus il a de belles ristournes quantitatives et c'est cela qui nous assomme.
Desgraupes - Oui.
M. Le Fourn - Mais nous ne pouvons pas rivaliser contre lui en prix.
Desgraupes - Êtes-vous inquiets de l'avenir de votre profession ?
Mme Le Fourn - Oh, un peu, un peu, hein.
M. Le Fourn - Légèrement.
Desgraupes - Oui. Pourquoi monsieur Le Fourn.
M. Le Fourn - Si cet état de fait, là, continue, nous devrons disparaître un jour ou l'autre.
Desgraupes - On m'a dit que, à Landerneau, lorsqu'une épicerie était fermée, on ne pouvait plus la vendre. Est-ce vrai ?
Mme Le Fourn - Oui c'est vrai.
M. Le Fourn - Ce n'est pas la peine d'essayer de vendre une épicerie.
Desgraupes - Vous par exemple, si vous vous retiriez, vous ne pourriez plus vendre votre fond, vous croyez...
M. Le Fourn - Ah si, si, mon affaire, je crois que je la vendrais, mais...dans certains coins une épicerie qui ferme ce n'est pas la peine qu'on essaie de la revendre après.
Mme Le Fourn - Suivant le chiffre d'affaire que nous faisons, quoique tout ça dépend du chiffre, mais un petit chiffre n'est pas rentable en épicerie.
Desgraupes - Quelle est l'utilité, pour vous, du petit épicier ?
Mme Le Fourn - D'être là, à la disposition du client tous les jours.
Desgraupes - Oui.
Mme Le Fourn - À n'importe quelle heure. Ou les dimanches. Je ne sais pas, on est quand même... on aime bien nos clients quoi...
M. Le Fourn - Chez nous je crois les clients viennent par sympathie.
Desgraupes - Ce sont des amis vos clients ?
M. Le Fourn - Ce sont surtout des amis. En général, quoi.
Desgraupes - Je pose une dernière question.
M. Le Fourn - Je ne crois pas avoir beaucoup d'ennemi à Landerneau.
Desgraupes - Monsieur Le Fourn vous avez sept enfants, je suppose qu'il vous arrive souvent de songer à leur avenir, est-ce que vous croyez, est-ce que vous souhaitez, même, dans une certaine mesure, que vos enfants, ou quelques-uns d'entre eux en tout cas, soit après vous, épicier ?
M. Le Fourn - Non.
Mme Le Fourn - J'aime ça.
M. Le Fourn - Ma femme, elle aime ce métier là.
Mme Le Fourn - Moi j'aime ça, alors je peux pas dire. Moi, je ferai pas autre chose que de l'épicerie et de vendre des fruits, parce que moi je suis née dans l'épicerie, dans les fruits. Je trouve que quand même, chacun... vous, vous aimez votre métier, nous on aime le nôtre, et si la disparition des petits commerçants arrive, beaucoup d'entre eux disparaîtront, la liberté de chacun, quoi...
Desgraupes - Mais vous pensez tout de même qu'il y a une leçon à tirer de l'expérience Leclerc ?
M. Le Fourn - Une bonne leçon.
Desgraupes - Laquelle par exemple ? Pour vous ?
Mme Le Fourn - D'essayer de nous grouper, si possible.
M. Le Fourn - D'essayer de nous grouper toujours... Et d'avoir les prix de Leclerc.
Mme Le Fourn - Oui, c'est tout.

Desgraupes - J'ai laissé la famille Le Fourn de Landerneau à son dîner et à ses songes. Madame Le Fourn n'avait-elle pas dit pour moi le mot de la fin en disant « C’est tout. » ?

Publicité
Commentaires
Les Caves du Majestic
  • Un peu de culture francophone (surtout française). Rien n’est incompréhensible pour des étudiants curieux, même si « on ne l’a ni lu, ni vu, tant qu’on en a entendu parler » (Cavanna). Bonne visite ! Des lecteurs en Serbie
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité
Newsletter
Publicité
Publicité