Les Glaneurs et la Glaneuse - Agnès Varda (2000) et Millet, Du Bellay, Barbaud...
Les Glaneurs et la Glaneuses d'Agnès Varda (née en 1928) nous donnera l'occasion d'une balade un peu partout en France (par exemple à Paris, dans le Nord et en Bourgogne) autour du thème du glanage.
Au sommaire de cette note :
- Quelques définitions issues du Robert et du Larousse.
- Le code pénal avant et après 1994.
- Des Glaneuses, Jean-François Millet, 1857.
- Un sonnet de Joachim du Bellay paru dans les Antiquités de Rome, 1558.
- Apfel Sextett, Pierre Barbaud, 1978.
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Synopsis trouvé sur la jacquette du DVD
On ne peut plus regarder comme avant ceux qui soulèvent les couvercles des poubelles...
Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et glaneuses, récupéreurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessité, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif.
Ajoutée le 2 avril 2014 par uauacineclube
Transcription
Des enfants – "… des patates, mardi des patates, mercredi des patates aussi…" [Comptine]
Un homme – En prenant tous les tas, y a pas loin d’une tonne. Une tonne de pommes de terre gâchées. Et c’est comme le reste, hein.
Un propriétaire – Il y aurait au moins dix tonnes qu’on ne va pas ramasser. Donc ça fait quand même… pour le glaneur, ça fait du sport.
Un grapilleur – La grapille, c’est pas… c’est pas du gâteau, hein. C’est du boulot.
Agnès Varda – Si le glanage est d’un autre âge, le geste est inchangé dans notre société qui mange à satiété. Glaneurs agricoles ou urbains, ils se baissent pour ramasser. Y a pas de honte, y a du tracas, du désarroi.
Extrait d’un rap d’Agnès Bredet et Richard Klugman.
« Ah moi, c’est bien simple, je me nourris 100% poubelle depuis plus de dix ans. »
« C’est bon, ça ? »
« C’est comme des cadeaux qui sont dans la rue. Je sais pas, c’est comme si c’était Noël, les encombrants. »
Bodan Litnianski – Ah je l’aime, les poupées.
Une grapilleuse – Comme tu vois, il y en a beaucoup, ben t’as envie de ramasser.
Maître Dessaud – Ils peuvent glaner comme les pauvres d’autrefois.
Agnès Varda – Merci maître.
Maître Dessaud – Mais je vous en prie. Je vais me promener dans les choux si vous le voulez bien.
Un glaneur – Il y en a même qui sont difformes. En forme de cœur…
Agnès Varda – Ah ben le cœur, le cœur ! Le cœur, je le veux.
Un glaneur – Un film réalisé et commenté par Agnès Varda.
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Agnès Varda.
Agnès Varda, glaneuse.
(Image trouvée ici.)
Agnès Varda, glaneuse.
(Image trouvée là.)
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Que signifient "glanage", "glaner", "glaneur" ?
On dit aussi que "glaner" est un synonyme de "ramasser", "recueillir".
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Il sera question du Code Pénal (édité par Dalloz).
(Image trouvée ici.)
Il sera question de la loi R-26-10° qui autorisait le glanage. Elle n’est plus en vigueur, du moins plus aussi directement, depuis qu’elle a été incluse dans l’article R.635-1 en 1994.
On en saura un peu plus en consultant cette page.
(Image trouvée ici.)
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Les Glaneurs et la Glaneuses est un film qui fait souvent référence à des Glaneuses (1857), un tableau fondamental de Jean-François Millet (1814-1875).
On pourra en consulter la fiche sur le site du Musée d’Orsay.
Autoportrait de Jean-François Millet
(trouvé ici)
On parlera beaucoup de peinture dans ce film. On visitera quelques musées.
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Le tableau s'accorde avec un poème de Joachim du Bellay (1522-1560).
Le poème a d'abord paru dans Les Antiquités de Rome en 1558.
Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se hausse en tuyau verdissant,
Du tuyau se hérisse en épi florissant,
D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne :
Et comme en la saison le rustique moissonne
Les ondoyants cheveux du sillon blondissant,
Les met d'ordre en javelle, et du blé jaunissant
Sur le champ dépouillé mille gerbes façonne :
Ainsi de peu à peu crût l'empire romain,
Tant qu'il fut dépouillé par la barbare main,
Qui ne laissa de lui que ces marques antiques
Que chacun va pillant : comme on voit le glaneur
Cheminant pas à pas recueillir les reliques
De ce qui va tombant après le moissonneur.
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La musique utilisée est de Pierre Barbaud (1911-1990).
(Image trouvée ici.)
Il a participé à la musique de La Pointe courte (1954), le tout premier long métrage d’Agnès Varda, ainsi qu’à la musique de films d’Alain Resnais, Jean Rouch, François Reichenbach, Frédéric Rossif…
On peut l’écouter ici. Apparemment, l’enregistrement provient d’un compact disc sorti en 1998 sous le titre Musique Algorithmique.
Ce titre rappelle que Pierre Barbaud est l’un des fondateurs d’une réflexion sur la MAO, la Musique Assistée par Ordinateur, avec le Groupe de Musique Algorithmique de Paris (GMAP) fondé en 1959.
Mise en ligne le 10 novembre 2012 par Chaîne de MrComputermusic
Les autres crédits musicaux sont :
Funny Streams par le groupe Océan (Isabelle Olivier, Antoine Banville, Sébastien Texier et Nicolas Krassik)
Les musiques originales sont de Joanna Bruzdowick et François Wertheimer, deux compositeurs habitués des films d’Agnès Varda ainsi qu’Agnès Bredel et Richard Klugman.