(5) 2 ballades et 'Epitaphe et Rondeau' de François Villon, par Sedmina (1999)
Avec cette série de poèmes français interprétés par des artistes de l’espace (ex-)yougoslave, nous souhaitons à la fois évoquer des poètes et explorer une scène relativement inconnue de nous. Nous avons relevé près de trente adaptations ou évocations dont certaines sont des bijoux.
N’hésitez pas à suggérer des titres. On les intègrera avec plaisir dans ce cycle.
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Avant Niet, François Villon (1431- disparu en 1463) avait déjà inspiré un groupe slovène.
La Ballade des dames du temps jadis et La ballade des seigneurs du temps jadis sont les deux premières ballades du Testament de Villon ; Épitaphe et Rondeau en est l'une des dernières pièce. Les deux premières sont des hommages à des noms qu'il serait dommage d'oublier.
Sedmina est un mot slovène signifiant septième. Je ne suis pas parvenu à trouver une explication à ce nom. C'est aussi le nom d'un roman de Beno Zupančič (1925-1980) sorti en 1965.
Sedmina (fondé en 1977) est un groupe folk qui peut s'apparenter musicalement à Malicorne (fondé en 1973) dont il est contemporain. En revanche, contrairement au groupe de Gabriel Yacoub (né en 1952) dont le répertoire est principalement composé de chansons traditionnelles, les titres du groupe slovène sont pour la plupart des compositions originales. Cependant, hormis François Villon, ils ont notamment mis en musique des textes de France Prešeren (1800-1849, important poète slovène).
Détail d'une capture d'écran tirée de cette vidéo.
Les membres principaux de cette deuxième version du groupe sont Veno Dolenc (co-fondateur) et Klarisa Jovanović. Par ailleurs professeur de français, c'est elle qui chante les textes en français mais elle pratique d'autres langues Méditerranéennes.
Nous ne sommes pas parvenu à trouver les textes en slovène. Comme pour Niet, les traductions sont de Janez Menart (1929-2004).
Livrons donc les textes originaux de Villon (d'autant que l'une d'entre elle, la deuxième, est entièrement chantée en français).
L'album complet est disponible ici.
Balada o gospeh minulih dni
Celle-ci fut popularisée en France par Georges Brassens.
Mise en ligne le 21 décembre 2014 par Slovenska ljudska glasba
(François Villon - traduction Janez Menart - Veno Dolenc - [noms illisibles])
On trouvera une traduction en français moderne ici.
Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Balada o gospodih davnih dni
Mise en ligne le 21 décembre 2014 par Slovenska ljudska glasba
(François Villon - Veno Dolenc - [noms illisibles])
On trouvera une traduction en français moderne ici.
Qui plus, où est li tiers Calixte,
Dernier décédé de ce nom,
Qui quatre ans tint le papaliste,
Alphonse le roi d'Aragon,
Le gracieux duc de Bourbon,
Et Artus le duc de Bretagne,
Et Charles septième le bon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Semblablement, le roi scotiste
Qui demi face ot, ce dit-on,
Vermeille comme une émastiste
Depuis le front jusqu'au menton,
Le roi de Chypre de renom,
Hélas ! et le bon roi d'Espagne
Duquel je ne sais pas le nom ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
D'en plus parler je me désiste ;
Ce n'est que toute abusion.
Il n'est qui contre mort résiste
Ne qui treuve provision.
Encor fais une question :
Lancelot le roi de Behaygne,
Où est-il ? où est son tayon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Où est Claquin, le bon Breton ?
Où le comte Dauphin d'Auvergne,
Et le bon feu duc d'Alençon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?
Epitaf in rondo
Ajoutée le 21 décembre 2014 par Slovenska ljudska glasba
(François Villon - traduction Janez Menart - Veno Dolenc - [noms illisibles])
Ci gît et dort en ce solier,
Qu'amour occit de son raillon,
Un pauvre petit écolier
Qui fut nommé François Villon.
Oncques de terre n'eut sillon.
Il donna tout, chacun le sait :
Table, tréteaux, pain, corbillon.
Pour Dieu, dites-en ce verset :
Repos éternel donne à cil,
Sire, et clarté perpétuelle,
Qui vaillant plat ni écuelle
N'eut oncques, n'un brin de persil.
Il fut rés, chef, barbe et sourcils,
Comme un navet qu'on ret ou pèle.
Repos éternel donne à cil.
Rigueur le transmit en exil
Et lui frappa au cul la pelle,
Nonobstant qu'il dît : " J'en appelle ! "
Qui n'est pas terme trop subtil.
Repos éternel donne à cil.
On retrouvera Sedmina avec un autre poète lundi et avec François Villon prochainement.