OCLC 23/36 – Quand on perd la tête – Dranem (1933)
Une rengaine, c’est une chanson qu’on a beaucoup entendue malgré soi. Le film On connaît la chanson en est rempli de courts extraits. Il y en a de toutes les époques. Parfois, seules certaines générations s'en souviennent. A priori, aucun français ne connaissait toutes ces chansons en découvrant le film. Les auteurs du film sont de générations différentes (Resnais né en 1922, Bacri en 1951 et Jaoui en 1964). Chacun est venu avec des références que les autres ne connaissaient pas forcément. Cet hiver, nous allons visiter les trente-six chansons (dont une bonne moitié figure dans les karaokés).
L’opérette un Soir de Réveillon a été adaptée au cinéma par Karl Anton. Elle a la particularité d’avoir été produit par la Paramount, une société de production états-unienne. Comme beaucoup d’opérettes, celle-ci est probablement oubliée de la grande majorité de nos contemporains.
affiche trouvée ici
On est en droit d'être étonné par le discours d’Honoré, le personnage interprété ici par Dranem (1869-1935), ainsi que par l’analogie faite entre l’amour et le cyclisme.
DRANEM QUAND ON PERD LA TETE 1933 EXTRAIT FILM... by kirivalse
(Paul Armont – Marcel Gerbidon – Jean Boyer – Albert Willemetz – Raoul Moretti)
Attention : quelques problèmes de transcription demeurent.
Honoré – Ecoute ma petite Monique ! Ton Gérard, il te fera perdre la tête !
Monique – Et après ! Si j’la perdais un peu !
J’admets que la jeunesse
Ait envie de s'amuser
J’ai même la faiblesse
Ici-bas de tout excuser
Mais il y a des limites
‘Faut pas aller trop loin
Souviens-toi ma petite
Que pour aimer faut être conjoint
Ne fais jamais d’écart
Soit très prudente car
Quand on perd la tête
Ne fût-ce qu’un moment
On n’perd pas que la tête
On perd également
Ce que tu supposes
D’abord et en sus
Des tas de petites choses
Qu’on ne retrouve plus
L’estime de son père
L’estime de sa mère
Et de sa famille entière
De ses frères et sœurs
De son confesseurs
Et de tous les fournisseurs
De son charcutier
Du garcon laitier
Et de tous les gens du quartier
Du voisin de palier
Qui est officier
D’instruction publique et nous salue dans l’escalier
Méfie-toi fillette
Au bout d’un moment
Quand on perd la tête
On perd tout en même temps
Deuxième exemple !
Un grand coureur cycliste
Courbé sur son guidon
Aux six jours sur la piste
Etait en tête du peloton
Soudain son pneu éclate,
Lui éclate en sanglots
Les autres se carapatent
Et lui prennent trois tours aussitôt
Comme j’allais le consoler
Il me dit tout dégonflé
Quand on perd la tête
La tête du peloton
On n’perd pas qu’la tête
On perd son renom
On perd et pour cause
La course et en plus
Des tas de petites choses
Qu’on ne retrouv’ plus
Le maillot de couleur
Le bouquet de fleurs
Et le petit tour d’honneur
Des tas de profits,
Sa photographie
Et les bravos des titis.
Des trucs des gens chics
Et de la fabrique
Qui fabrique des pneumatiques
Du marchand de casquette
De fixe-chaussettes
J’allais oublier toutes les (...) de Mistinguette
Sur une bicyclette
On oublie souvent
Qu’en perdant la tête
On perd tout en même temps
Monique – Tu as raison Honoré, je me rends compte que ça ne peut aboutir à rien. Tiens, je vais chez Viviane.
Honoré – À condition que tu me jures que c’est pour en finir avec ce gigolo.
Monique – Je te le promets.
Honoré – Ah !